Un grand débat national va se dérouler en France dans les prochains mois sur la transition énergétique. Il s’agit d’une période d’adaptation que doivent subir tous les pays pour réduire fortement leur consommation énergétique et sortir des énergies fossiles, principales responsables du changement climatique.
Pour y parvenir, la France s’est fixé comme objectif une division par 4 d’ici à 2050 de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’année de référence qu’est 1990. Il s’agit de contenir le réchauffement climatique sous les 2°C (en moyenne mondiale). Cet objectif ambitieux, qui résulte du protocole de Kyoto (1), exige la combinaison de plusieurs mesures parmi lesquelles :
La suppression des gaspillages :
◈ dans les bâtiments (habitat, tertiaire, industr
◈ dans les commerces et lieux publics : suppression des éclairages inutiles.
Le réaménagement urbain :
◈ réintégration des petits commerces et services dans les centres-villes
◈ priorité aux circulations douces et aménagements de parkings à vélos dans les gares et tous les services et espaces publics (80% de l’espace public de voirie est aujourd’hui affecté au transport routier)
◈ meilleur maillage des transports en commun.
Le remplacement progressif des énergies fossiles par les énergies renouvelables (géothermie, bois, méthanisation, aérothermie, solaire, éolien… )
L’augmentation de l’efficacité énergétique : baisse de la consommation pour un même service rendu par une augmentation des rendements.
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
L’objectif intermédiaire des « trois 20 » (20% de réduction des gaz à effet de serre, 20% de baisse de consommation d’énergie primaire et 20% d’énergies renouvelables en 2020) ne sera pas atteint, car notre consommation peine à diminuer en France, en particulier l’énergie électrique des ménages (encore trop bon marché ?). Des mesures ont bien été prises après le Grenelle de l’environnement, principalement dans le bâtiment. Mais la rénovation de l’ancien se fait trop lentement faute de moyens humains et financiers.
Dans le contexte de crise où nous nous trouvons, tous appellent de leurs voeux la croissance. Mais cette croissance, de par sa nature, entre trop souvent en conflit avec l’objectif fixé de diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre. Nous pourrions citer maints exemples en ce domaine, comme le permis d’exploitation de pétrole off- shore en grande profondeur donné à Shell et Total au large de la Guyane, ou le projet de construction de l’aéroport de ND des Landes, ou, plus près de nous, la prolifération des zones de commerce géantes dans l’Agglo du Val d’Orge au prix de l’aliénation de centaines d’ha de terres cultivables…
Pourquoi tant de contradictions ? Parce que les décisions des politiques reflètent notre propre refus des limites. Sans prise de conscience du plus grand nombre, pas de volonté collective de changement. L’économie prospère pour l’instant au détriment de l’environnement… Mais les ressources énergétiques fossiles n’étant pas infinies, l’environnement contraindra nécessairement l’économie. Les associations environnementales, dont l’ADEMUB, souhaitent voir anticipée cette contrainte au maximum dans les décisions nationales et locales.
(1) Ratifié par tous les pays sauf les États-Unis et le Canada, gros émetteurs de gaz à effet de serre, le protocole de Kyoto a proportionné l’importance des efforts à consentir au volume des émissions de chaque pays.
ADEMUB iNFOS n°47Janvier 2013