Prévu pour améliorer les transports dans le secteur de la Croix blanche et assurer la liaison entre l’échangeur de la Francilienne à Rosières et la RD 19 en desservant les zones d’activités nouvelles de Val Vert et de l’ex-base aérienne, le projet « Liaison Centre Essonne » (LCE) inquiète à la fois par sa démesure et son caractère autoroutier.
Un projet géant au contenu flou et imprécis. Le tracé lui-même reste flou, notamment dans le quartier de Rosières. On se contente de nous présenter un profil en travers pour une largeur totale de voirie allant de 30 à 50 m.
Sur cette largeur, on saucissonne le tout. Pour la partie 30 m, on a 6,5 m pour les voitures et camions, 7 m pour les bus et 4 m pour les piétons et les cycles, soit 17,5 m au total, séparés les uns des autres par des espaces paysagés mesurant au total 12,5 m. Pour la partie 50 m (en traversée de Val Vert), on a 4 m pour les piétons et les cycles, 14 m pour les bus, 2 x 6,5 m pour les voitures et camions et à nouveau 4 m pour les piétons et cycles, soit au total 35 m de voiries séparées par des espaces paysagés de 15 m de large au total. Un aménagement autoroutier d’un nouveau genre, quoi ! On va ainsi, sur une longueur de 3,5 km, aliéner quelque 15 ha principalement de terres agricoles à Brétigny (Orme Fourmi) et au Plessis-Pâté.
Dans ce contexte, les divers usagers se trouveront piégés, chacun isolé dans un « tunnel de verdure ». Et rien n’est dit sur le traitement des intersections. Ainsi, comment feront les piétons et les cyclistes, rejetés à l’extrême sud de la voirie pour rejoindre, sur leur gauche les voies ou les sites traversés, et comment se fera leur accès à Val Vert, à la RD 117 et à la Croix blanche ? La jonction entre la LCE et la RD 117 (avenue de la Croix blanche), elle-même prévue à la requalification avec un projet de bus en site propre, n’est pas traitée, pas plus que l’articulation avec la voirie interne de Val Vert. Quel sort réserve-t-on aux piétons et cyclistes dans tout cela ? Bonjour les obstacles et les ruptures de continuité !
A propos des bus, 14 lignes sont prévues, dont 6 nouvelles. Mais on ne sait rien à leur sujet, ni d’où elles viendront ni où elles iront. Ainsi, on nous parle de la desserte de la gare de Brétigny, mais qu’est-ce que cela a à voir avec le projet LCE, la liaison entre la gare et Val Vert et la Croix blanche se faisant naturellement par la RD 117 et la traversée du Plessis-Pâté ? Et à quoi servira une ligne de bus entre Rosières et Val Vert ? Pour quels usagers ? De quelle provenance ? Et le descriptif du projet de « gare multimodale » placé en bordure nord de Val Vert, reste bien flou lui aussi.
On lit, dans le document présenté à la concertation que les transports en commun et les circulations douces (modes actifs) feront l’objet de toutes les attentions. Mais nous y lisons également que les voies de transports en commun et que les voies piétons et cycles « seront réalisées dans un second temps« , sans qu’aucune indication ne soit donnée à ce sujet. Bref, si nous ajoutons à ce renvoi sine die l’importance accordée dans ce projet aux déplacements automobiles, urgence première, on ne sort pas de la logique du tout-automobile qui règne dans le Val d’Orge comme sur tout notre pays depuis des décennies.
En conclusion, l’ADEMUB doute sérieusement de la faisabilité de ce projet, sauf à espérer une nette révision de ses dimensions et de son contenu. On peut toujours rêver !