La biodiversité est la diversité naturelle des organismes vivants mais elle inclut également les milieux dans lesquels ils se développent, car les êtres vivants dépendent les uns des autres. Que serait notre vie sans biodiversité ?
La « liste rouge » de l’Union mondiale pour la nature (UICN) dénombre au moins 15589 espèces (7266 animales et 8323 végétales) confrontées à un risque d’extinction. Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers des amphibiens et 70% des plantes sont menacés, selon la « liste rouge » de l’UICN. Depuis 1950, l’Europe a perdu plus de la moitié de ses zones humides et la plupart de ses terres agricoles à haute valeur naturelle.
Que serait notre vie quotidienne sans bois, sans papier, sans tissus ? La plupart de nos aliments dépendent d’insectes pollinisateurs. Le quart des médicaments de la planète sont issus des plantes de l’Amazonie. Une espèce qui disparaît ne fait pas de bruit, ne se voit pas et cela semble sans effet immédiat. Qui a remarqué à Brétigny la disparition des alouettes que nous entendions chanter au dessus des champs de blé, la régression des reinettes, grenouilles qu’on ne voit plus qu’autour du lac ? Qui a vu la réduction progressive des espèces de légumes proposées sur nos marchés ? Pire encore qui s’aperçoit de l’appauvrissement des sols, c’est à dire la diminution de sa partie vivante ? Partout, en France comme ailleurs, les rendements agricoles plafonnent ou diminuent parce que les sols s’appauvrissent.
Nous n’en avons pas conscience, la vie humaine n’est pas possible sans la vie végétale et animale qui nous nourrissent et cette vie dépend de systèmes complexes d’êtres vivants interdépendants. Au delà des combats emblématiques pour certaines espèces (baleines, éléphants, ours, panda…) ce sont les milieux naturels riches qu’il faut préserver et restaurer. Ainsi le danger ne concerne pas seulement des contrées lointaines sur lesquelles nous avons peu de prise directe mais également notre pays.
Comment notre recherche du bien-être peut-elle se concilier avec la préservation du vivant qui nous nourrit ? Si nous ne nous y attelons pas rapidement, la sentence biblique, fondatrice de notre civilisation « croissez, multipliez-vous, peuplez toute la terre » pourrait devenir notre malédiction.
Nous pouvons tous être des Nicolas Hulot du quotidien, même en ville : Selon la manière dont nous cultivons notre jardin nous pouvons favoriser une vie exubérante et passionnante à regarder vivre. Notre agrément et notre plaisir peuvent être œuvre utile. Nous pouvons être fiers de notre pelouse, coupée rase, signe d’un entretien méticuleux mais en terme de biodiversité, c’est un désert ! A contrario les fleurs que nous plantons dans nos jardins peuvent faire de nos banlieues un milieu plus favorable aux butineurs que les étendues de l’agriculture intensive. Encore faut-il choisir les bonnes espèces ! Toutes les plantes, si belles soient-elles, ne sont pas les bienvenues, Certaines espèces importées s’avèrent envahissantes et néfastes.
La vie est une équation complexe qui dépasse souvent nos capacités d’anticipation. En prétendant la domestiquer sans nous donner le temps de la réflexion et de l’observation nous pouvons être des apprentis-sorciers.
Brétigny est à la croisée de 3 milieux différents : 1 – le milieu urbain des jardins, des parcs et des squares, 2 – le milieu agricole et forestier du plateau de Saint-Vrain, 3 – les espaces naturels sensibles, les zones humides de la vallée de l’orge. Mais aujourd’hui nous n’avons pas d’inventaire récent de la biodiversité locale, difficile alors de définir des priorités pour l’action. Cependant nous savons déjà qu’il est nécessaire de recréer des « continuités biologiques » qui relient entre elle des réserves biologiques, facilitent la circulation des espèces et dynamise leur développement.
On ne doit pas séparer responsabilité personnelle et responsabilité collective. Nous pouvons agir localement pour restaurer la biodiversité, certaines actions nécessitent l’intervention de la puissance publique. D’autres sont à la portée de chacun, individuellement.
Préserver un espace naturel, recréer des haies vives en lisière de terrains de multiples propriétaires, réduire l’utilisation des pesticides et engrais dans le monde agricole exigent une volonté politique ferme et continue. Mais les politiques ne peuvent vouloir que ce que l’opinion publique exige.
L’environnement n’est pas une marotte pour privilégiés : c’est une richesse collective, un bien commun, au même titre que les services publics auxquels nous sommes tous attachés. Nous pourrions dire en plagiant Sartre « l’écologisme est un humanisme » , tant les grandes atteintes à l’environnement s’avèrent être des menaces pour l’humanité elle-même.
La réaction des associations environnementales n’est pas sentimentale (et pour tout dire conservatrice) ou esthétique, c’est un réflexe de survie pour nous-mêmes.