Plusieurs éléments nous font penser que le Plan Climat que s’apprête à adopter le Val d’Orge n’aura que peu d’effet tant la politique locale de « développement » est en contradiction avec la réduction escomptée d’émissions de gaz à effet de serre.

S’il est un domaine qui ne connaît ni crise ni récession, c’est bien celui de la communication ! La Communauté d’Agglomération du Val d’Orge n’est pas en reste. Ainsi peut-on lire en page 20 de « Vivre à l’Agglo » de février 2012, pour relater la réalisation de son Bilan Carbone* : « L’agglo poursuit le combat contre le réchauffement climatique » et, dans le texte, les lignes suivantes : « Avec l’ambition de réaliser son Plan Climat Energie Territorial, l’Agglo vient de finaliser son Bilan Carbone, afin d’estimer ses émissions de gaz à effet de serre sur son patrimoine (bâtiments administratifs, flotte de véhicules, équipements sportifs et culturels …), celles relatives à l’exercice des compétences communautaires (gestion des déchets, assainissement, transport…), ainsi que celles émises sur l’ensemble du territoire (par les Valdorgiens, les entreprises…) ».

Rappelons que le Bilan Carbone est une sorte d’audit « gaz à effet de serre » , et son objectif, à travers un plan d’actions (le Plan Climat), est de proposer des pistes pour mettre en place une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) des périmètres étudiés. Lors de la réunion de présentation de ce Bilan Carbone, le 18 octobre 2011, nous sommes intervenus pour demander pourquoi les émissions des entreprises n’étaient pas présentées. François Kornmann (société Alternconsult), présentateur du Bilan Carbone® , nous répondit « qu’il en avait été décidé » ainsi, sans en préciser la raison, tout en lâchant que celles-ci représentaient 145.000 tonnes équivalent CO2/an.

Nos demandes de précisions ultérieures sont restées lettre morte. Pourquoi ce refus ? Notre sentiment est que l’agglomération ne souhaite pas communiquer sur les émissions des entreprises afin d’en masquer les augmentations futures.

Ces augmentations sont pourtant prévisibles. Par exemple le projet de zone commerciale VALVERT, dédié au « développement durable » (à 50% seulement finalement) et censé créer 2.500 emplois sur 60 hectares pris sur les terres agricoles, va conduire à augmenter la force d’attraction de cette zone en faisant venir des clients de très loin dans un espace déjà saturé de voitures. Comment, dans ces conditions, peut-on espérer faire baisser de 19% les émissions de CO2 d’ici à 2020, comme le prévoient les estimations du cabinet Alternconsult ?

Il n’est pas déraisonnable de penser que l’idée de l’Agglomération est de contrebalancer les augmentations des émissions des entreprises par des économies de GES faites ailleurs. Ainsi, une baisse très importante des émissions du centre de traitement des déchets de Vert-le-Grand est prévue, grâce au recours partiel à un procédé de pyro-gazéification pour traiter les déchets et produire de l’eau chaude. Or, ce centre, qui traite nos déchets, est le principal poste d’émissions de GES de l’Agglo. Nous ne pensons pas que ce soit la bonne façon de réduire les GES. Bien sûr, de prime abord, la solution consistant à obtenir de l’eau chaude à partir de la valorisation des déchets est tentante. Mais son développement se base sur une forte augmentation des volumes de déchets sur le long terme, alors que tout doit concourir à réduire leur production, forte émettrice de gaz à effet de serre… et source de gaspillage de matières premières. Certes, nous reconnaissons que cet effort de réduction de la production de déchets n’est que partiellement du ressort de l’Agglomération. Mais sa part n’est pas négligeable pour autant. Par ailleurs, l’installation d’un réseau de chaleur ne constituera-t-elle pas un alibi pour urbaniser les zones proches de Vert-le-Grand, pour qu’elles bénéficient de cette énergie, réduisant ainsi les pertes de chaleur sur le trajet ? Bref, seul un changement de modèle nous semble en mesure d’aboutir à une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre.

L’ADEMUB prendra donc une part active à l’élaboration du plan climat et fera des propositions concrètes, notamment dans le domaine des transports avec l’adoption d’un nouveau plan local des déplacements privilégiant transports collectifs et circulations douces, et dans celui du traitement des déchets où apparaît primordiale toute action en faveur d’une réduction drastique de la production de déchets tant dans les entreprises que dans les collectivités publiques et chez les ménages. Et nous nous élèverons contre cette habitude de brandir la création d’emplois comme prétexte à tous les bétonnages. Nous pensons que le vivier d’emplois à exploiter est celui des PME, alors que l’on déroule le tapis rouge pour les grandes entreprises.

(*)Réalisé dans le courant de l’année 2011, ce Bilan Carbone a été présenté au siège de l’Agglo le 18 octobre 2011 aux élus et aux membres du Conseil de développement de l’Agglo qui regroupe les représentants des organisations professionnelles et associations (dont l’ADEMUB).

article ADEMUB iNFOS n° 46 Octobre 2012