Nous publions ici la version longue de cet article du ADEMUB iNFOS n°78 que vous pouvez retrouver ici.

La révision de notre PLU comporte comme règle fondamentale, prévue par la Loi Climat et Résilience de 2021, l’atteinte de la zéro artificialisation nette (ZAN) des sols en 2050 au niveau national, mais, dès 2030, serait bien plus pertinent à Brétigny, en raison de la forte urbanisation dès 20-30 dernières années1. Cela entraîne la nécessité d’un effort important de développement de la biodiversité dans notre ville.


La carte des paysages réalisées et mise en ligne par ENE-IDF. + d’infos

L’examen  de la Carte des paysages de Brétigny laisse apparaître une grande dispersion de la biodiversité. Et un sérieux problème de continuité biologique, trame verte (les milieux végétalisés) et trame bleue(les milieux aquatiques et humide), continuité vitale notamment pour la faune qui exige un territoire continu et étendu.

L’essentiel est représenté sur la carte par la partie la plus urbanisée, du nord au sud, essentiellement toute la partie située entre la ligne de chemin de fer, avec ses deux branches, et la RD 19 à l’exception des espaces verts entourant la zone industrielle, de l’espace enserrant la Garde Depas et, pour combien de temps encore, de la partie non encore urbanisée des Promenades, de même que quelques bosquets ou espaces verts urbains.

Les éléments remarquables en matière de biodiversité se concentrent principalement sur le pourtour de notre territoire. Tout d’abord, à l’ouest, l’élément le plus remarquable : la vallée de l’Orge, avec sa trame bleue (ses lacs et ses cours d’eau) et sa double trame verte(espaces végétalisés), grand lieu de passage et de nidification de l’avifaune.Le « Parc » des Joncs Marins, l’ensemble naturel le plus étendu, mais fortement mité –mitage2toujours en cours), constitué d’une juxtaposition de bois, de friches, d’espaces herbacés, sans véritable cohérence. Vient ensuite, au nord, ce qu’il reste de l’ancien parc du Château de la Fontaine dont la plus grande partie, occupée par l’IDEF, reste inaccessible au public. A l’est, le Bois de Beaulieu, seul véritable élément de type forestier, un peu esseulé en bordure du plateau agricole, avec ses mares jouxtant le bassin routier proche.

Dans les 1460 ha qui composent notre commune, s’impose un double impératif : stopper toute artificialisation (envisager même des actions de renaturation) et assurer par tous les moyens la continuité biologique sur l’ensemble des zones du territoire, sans exception. Et, pour ce faire, un certain nombre d’outils et de règles doivent être mis en place dans le cadre du PLU.

Pour une charte de l’arbre

L’arbre est l’élément majeur, indispensable et structurant de la biodiversité.

Or, selon la Carte des paysages,la partie arborée de  Brétigny ne représente que 15,6% % de l’ensemble du territoire, ce qui est notoirement insuffisant.

Une double action s’impose donc : plantation et protection.

Lors des Assises de la Ville, en 2018, la ville a décidé la plantation de 30.000 arbres d’ci à 2030. Or, nous sommes aujourd’hui loin du compte puisque seulement quelque 9000-10.000 arbres et arbustes ont été plantés  à l’échéance 2024. Il nous faudrait planter encore 20.000  arbres pour parvenir à ce résultat. Et l’action devra être poursuivie bien au-delà de 2030 avec une politique beaucoup plus active et une implication beaucoup plus forte de la population.  Le choix des essences (résistantes au réchauffement climatique) ainsi que le suivi et le soin apporté aux plantations a son importance pour la survie de ces arbres.

Grande importance également donnée à la protection de nos arbres. Or, la Loi et les règlementations existantes protègent très peu nos arbres. En terrain privé, tout propriétaire jouit aujourd’hui de la liberté, au nom du droit de propriété (Code civil), de supprimer des arbres, même rares et remarquables, ou de les condamner à mort par des « élagages » destructeurs.

Il existe certes un certain nombre de protections utilisables dans le PLU, telles que l’extension des zones N(aturelles)  et particulièrement Na, les Espaces boisés classés (EBC) existants ou à créer, les Espaces paysagers protégés(EPP), le classement des sujets les plus remarquables (âge, rareté, grande beauté, caractère historique), le périmètre de protection des bâtiments historiques (église Saint-Pierre), la Loi ORE (Obligation Réelle Environnementale)…Mais, partout ailleurs, la règlementation reste trop laxiste. S’y ajoute le mitage, le déboisement sauvage de parcelles plus ou moins en déshérence(sans héritiers ou à l’abandon).

Le PLU doit interdire systématiquement tout abattage d‘arbre sans autorisation préalable dans la commune. C’est pourquoi l’ADEMUB préconise, depuis plusieurs années, l’adoption d’une CHARTE DE L’ARBRE comme cela se fait déjà dans un nombre croissant de villes et de collectivités en France.

L’effort de végétalisation en continuité  doit concerner toutes les zones du territoire.

Pour les terres agricoles, qui devraient toutes  (pour l’essentiel ) être classées en Zone Agricole Protégée (ZAP), la politique à suivre va consister à l’avenir en deux orientations : agroforesterie et agrobiologie, à l’instar dece qui se pratique à la Ferme de l’Envol. La traditionnelle haie bocagère continue doit y refaire son apparition et compléter les quelques boisements épars existants.

Les espaces herbacés, quels que soient leur localisation et leur statut, doivent suivre une même règle : abandon des pelouses rases et des tontes répétitives, et préférence donnée aux prairies naturelles diversifiées (penser aux petites fleurs pour nos abeilles et autres insectes polinisateurs).

En zone urbanisée, dominante dans notre commune, un gros effort doit être consenti. Nombre de collectifs du centre-ville sont regroupés en « clos », avec des bâtiments en bordure de rue entourant des espaces verts malheureusement accessibles aux seuls habitants. Pour améliorer la continuité biologique, les espaces ouverts publics, avenues, rues, places, squares, ronds-points…doivent bénéficier d’un gros effort de végétalisation (arbres, plantes diverses, fleurs) en continuité. Les « doigts verts » du quartier Clause Bois Badeau représentent un bon exemple de cet effort de continuité.

Dans les quartiers pavillonnaires, à protéger, la généralisation des clôtures végétalisées en continuité s’impose et doit faire l’objet d’une règlementation stricte et appliquée dans le cadre du PLU.

Dans l’ensemble, l’élaboration d’un Atlas de la biodiversité, qui accompagne dans le temps la révision du PLU, devrait jouer un rôle important dans la réussite de cet effort collectif d’aménagement écologique de notre ville.

La trame bleue
Estimée à 12 ha, elle regroupe rivières, ruisseaux, lacs, étangs et mares. Seule la rivière Orge avec ses deux lacs et, une partie des cours de la Semoise, de la Boële de Leuville et de la Boële de Saint-Michel, auxquels s’ajoute partiellement (la plus grande partie en souterrain) le ruisseau Blutin  peuvent être considérés en continuité, leur vallée revêtant le caractère de trame bleue et de trame verte. Une partie du cours du Blutin a été renaturée il y a quelques années. Une poursuite de cette opération est envisagée. Mais la forte urbanisation de la partie centrale de notre ville va rendre difficile, voire improbable, sa réalisation.  Pour le reste, il s’agit d’éléments dispersés. Citons, entre autres, la source de la Fontaine, reliée à l’origine, par un ruisseau aujourd’hui disparu, à l’étang de l’IDEF ; de même l’étang des Militaires en bordure de l’avenue Rozanoff ou le bassin de la SNCF près du Carouge. S’y ajoutent un certain nombre de mares dont nous avons fait le recensement il  y a quelques années : mare aux Pigeons, mares du Bois de Beaulieu, mare de Maison neuve, les mares des Joncs marins dans la partie ouest, les mares de la Ferme de Fresnes et les fossés du plateau agricole, les bassins de retenue de la zone commerciale et de la zone des entrepôts… Il s’agit là de points d’eau dispersés. On pourrait envisager la liaison entre ceux-ci, du moins sur le plateau agricole au sud et aux Joncs Marins à l’ouest.
  1. En particulier la ZAN implique le respect du zonage actuel de notre PLU sans déclassements en vue de densification de secteurs proches du centre ville par une urbanisation accrue, et la protection impérative de la biodiversité dans ces secteurs. ↩︎
  2. Le mitage est l’éparpillement de zones d’habitat, de zones d’activité et d’infrastructures dans des espaces initialement ruraux, sous l’effet de fortes pressions foncières ou touristiques. ↩︎