Même si le charbon, le pétrole ou l’uranium existaient en quantité illimitée, il nous faudrait au plus vite utiliser d’autres sources d’énergie, comme l’eau, le vent ou l’ensoleillement… parce que le mix énergétique actuel dégage massivement des gaz à effet de serre, quand il n’est pas radioactif. Le climat change de telle sorte que la planète devient globalement plus aride. Quant au nucléaire, il comporte beaucoup trop de risques et laisse trop de cadeaux empoisonnés.

Au-delà d’un réchauffement de 2°C de la température terrestre, tout à fait probable aujourd’hui, notre système climatique risque de s’emballer. Les conséquences et les enjeux sont tels que des mesures drastiques doivent être prises sans plus tarder. Aussi, conformément aux engagements internationaux pris par la France, nos émissions de CO2 doivent commencer à décroître d’ici à 2020 pour être divisées par quatre (par deux pour les pays pauvres) d’ici à 2050. Pour atteindre cet objectif, les énergies renouvelables nous permettent de réduire, non par quatre, mais seulement par deux, notre demande d’énergie finale, à cette même échéance.

Alors quel avenir voulons-nous ? Une planète qui soit vivable ou le chaos ? Il nous faut dès à présent repenser nos besoins sociaux et notre façon de les satisfaire, pour, entre autres, diminuer massivement notre consommation suicidaire d’énergie.

Dans cette démarche trois notions, développées de façon prospective par l’association NégaWatt, sont importantes :

La sobriété énergétique : n’utiliser que l’énergie dont nous avons vraiment besoin. Par exemple, remplacer autant que faire se peut la voiture individuelle par un service de mobilité collective ou partagée. Un autre exemple : des infrastructures qui favorisent les circulations douces, telles que le vélo.

L’efficacité énergétique : améliorer les performances de nos équipements, qu’il s’agisse de nos moteurs, de la consommation de notre électronique ou de l’isolation de nos bâtiments. Par exemple optimiser nos systèmes de chauffage, de climatisation.

Les énergies renouvelables : l’hydroélectrique, le solaire (chaleur et électricité), l’éolien, le biogaz, la géothermie… Et, au delà de 2020, les forces marémotrices et thermiques de la mer. Bien maîtrisées, de telles ressources peuvent nous permettre de bien vivre, sans chercher comme aujourd’hui à essorer sans vergogne la planète.

Vieillissement des centrales nucléaires, raréfaction du pétrole ou tournant vers les énergie renouvelables : dans l’immédiat « le prix de l’énergie augmentera avec ou sans transition » précise France Nature Environnement. FNE, qui fédère 3 000 associations écologistes, dont l’ADEMUB, appelle en conséquence à lutter contre la précarité énergétique. De 5 à 10 millions de nos concitoyens consacrent en effet plus de 10 % de leurs revenus à leurs factures d’énergie. Bien des besoins de base ne sont pas satisfaits dans la population, comme se chauffer correctement. Payer notre énergie à son coût réel, en intégrant les dégâts collatéraux tels que les conséquences du réchauffement climatique et la gestion des dépotoirs radioactifs, sans pénaliser les plus pauvres, c’est l’une des évolutions qui nous ramènera un peu sur terre.

Dans son cahier d’acteur préparatoire au débat national sur l’énergie, France Nature Environnement décrit l’objectif à atteindre :

« Changer de politique énergétique demandera du temps et impose de penser l’avenir. Projetons-nous vers 2050 : nous avons cessé de gaspiller l’énergie, de multiplier les gadgets et de jeter la nourriture. Nos consommations ont baissé considérablement car nos bâtiments sont bien isolés. Nous consommons tellement peu que la facture est faible malgré une énergie chère. La précarité énergétique a disparu et l’usage de la voiture s’est réduit grâce à des transports en commun fréquents, réguliers et agréables et l’usage généralisé du vélo. Nous respirons un air plus léger, moins pollué. Nous avons quitté la société du tout-jetable pour des produits solides et réparables qui ont créé de très nombreux emplois. Nous ne faisons plus appel qu’aux seules énergies renouvelables : éoliennes, panneaux solaires sur nos toits, chaudières bois très performantes, hydroélectricité respectueuse des milieux aquatiques et géothermie ; chacun produit une part de ses besoins. Il reste encore un peu de pétrole, gaz et charbon en voie de disparition.

Ce scénario est-il possible ? Oui, à condition de le vouloir avec détermination et de commencer dès aujourd’hui. »

Quel équilibre trouver entre « inciter », par un meilleur accès à l’information, aux diagnostics, aux crédits et « obliger » réglementairement ? Le débat reste ouvert. Il est cependant à craindre que, sous la contrainte de l’urgence écologique croissante, ce que nous ne faisons pas librement aujourd’hui, nous le fassions autoritairement demain.

ADEMUB iNFOS n°49 Octobre 2013