La première phase du quartier Clause arrive bientôt à son terme. Quelles réflexions nous inspire-t-elle et quelles leçons en tirer pour l’avenir ?

L’accouchement fut difficile, le chantier ayant pris quelques années de retard au départ…et quelque 800 logements de plus au passage. Cette première phase, la plus urbaine, nous apparaît très minérale et compacte. Minérales, les constructions qui bordent l’avenue Clause, où les immeubles, comme les habitants, parfois se touchent presque. Une impression certes atténuée par la présence de noues et de quelques alignements et bouquets de végétaux. Avec la clôture, systématique, de chaque pâté de bâtiments, cela donne l’impression d’une juxtaposition de lieux fermés, peu propice à la convivialité.

Minérale aussi la place Garcia Lorca, dans sa quasi-nudité et avec la masse sombre des immeubles qui la jouxtent. Pourquoi en sont absents les toitures et murs végétalisés ? Peu de continuité écologique. Et le côté architectural manque un peu d’originalité et d’esthétique.

Contrairement à notre souhait, la voiture y restera omniprésente, ce qui, là non plus, ne favorisera pas la convivialité. Pourquoi ne pas avoir conçu comme un grand espace de cheminement en continu la liaison entre la gare, la place Garcia Lorca et la médiathèque d’un côté et le jardin des Sorbiers de l’autre ? Ainsi, pourquoi avoir mis, comme un obstacle entre la place et la médiathèque, des voitures en stationnement et des bordures élevées, sans aucun passage piétonnier ?

Tout ce grand espace aurait pu être conçu comme un Forum, une Agora, c’est-à-dire un lieu, certes de passage, mais aussi de rassemblement citoyen avec plus d’ombrages et quelques sièges. Il eût été mieux aménagé en totalité en zone de rencontre avec des piétons, prioritaires partout. Tout le quartier, voirie comprise, devrait être avant tout le royaume des piétons, marchant, devisant, jouant… et se reposant.

Heureusement, il y aura le jardin des Sorbiers et les 7ha du parc, avec de la verdure, de l’eau, des promenades, des jeux et des animations. Très bien en été pour créer la convivialité. Mais en hiver ? La maison des Sorbiers suffira-t-elle ?

Côté énergie, vu le retard, rien que de très banal aujourd’hui avec des bâtiments BBC, seul un immeuble de 54 logements étant en énergie passive. Un bon point pour la chaufferie au bois à approvisionnement local. Mais on aimerait y voir plus de solaire.

Et demain ?

L’habitat devrait y être plus diversifié, avec un effort en matière architecturale et la présence de verdure sur les murs et les toitures. Les fameux doigts verts (3 ha de verdure en continu) et les noues, à soigner particulièrement, apporteront trame verte et trame bleue(1). Biodiversité et impératif climatique obligent. Voiries et bâtiments devront être de couleur claire pour éviter la surchauffe (effet albédo). Comme sont prévus mêlés habitat et activités, nous n’aurons plus de zonage qui, aujourd’hui, oblige tout le monde à des déplacements continuels et inutiles. Tout sera à proximité.

Pour les déplacements, il faudra, cette fois-ci, faire preuve de plus de hardiesse et combattre le stationnement permanent en laissant les voitures en lisière (ça se fait ailleurs). Priorité partout aux piétons et aux cyclistes.

Côté énergie, les bâtiments à énergie positive devront être la règle. Mettra-t-on encore des baignoires dans les logements ? D’autres mesures originales devront être prises : réutilisation des eaux grises dont on récupérera les calories, bannissement de tout traitement chimique, généralisation du compostage, etc.

Avec pas moins de 6 000 à 7 000 habitants à terme (chacun sait que nous en souhaitions moins), l’impact sur l’environnement va être fort. Autant s’y préparer et tout faire pour en limiter les effets.

(1) Le projet prévoyait, au départ, 13 ha d’espaces verts. Où se trouveront les 3 ha manquants ?

Bulletin ADEMUB iNFOS n° 50 Janvier 2014