Position de l’Ademub sur la LGV POCL
Essentiellement, nous relativisons l’utilité de cette ligne, mise en regard de son coût et des besoins de modernisation qui existent ailleurs. Nous pensons bien sûr, localement, à la modernisation des transports régionaux (RER C). Mais aussi, en tant qu’association qui se soucie de l’environnement en général, nous pensons à la modernisation et à l’exploitation des voies de chemin de fer existantes dans les Régions Centre ou Auvergne, ainsi qu’au développement du fret.
Le projet LGV POCL vise à construire du neuf essentiellement sur des terres agricoles, évidemment, au lieu de régénérer l’existant.
A l’automne a eu lieu un processus de « concertation » autour du projet de ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont-Lyon. Ce projet vise à répondre à la « prochaine » (2025) saturation du TGV sud-est, sur le segment Paris-Lyon, en offrant une alternative permettant au passage de « désenclaver » la région Centre. Le parcours Paris-Austerlitz-Clermont ne doit pas dépasser 1h55, condition sine qua non, estime-t-on, pour assurer la rentabilité de l’investissement.
Des réserves à cause du coût
Le projet POCL est à recadrer dans un contexte plus vaste, celui des projets TGV du Grenelle de l’environnement, qui prévoit une quinzaine de nouveaux tronçons TGV sur trente ans, pour un coût global de 103 milliards d’euros. Ces projets ont été conçus avant la crise, quand le crédit aux organismes publics était relativement bon marché et abondant. Mais, entretemps, l’endettement public a augmenté d’environ 460 milliards d’euros, et on peut s’attendre à de nouvelles augmentations des taux d’intérêt.
De surcroît, un rapport parlementaire sur le « schéma de nouvelles infrastructures de transport » a critiqué le choix de privilégier de nouvelles lignes plutôt que de rénover le réseau existant. Les LGV représentent en effet près de 70 % des sommes engagées pour le ferroviaire. Les dettes de la SNCF et de RFF pourraient exploser.
Il semble souhaitable de réduire la voilure d’autant que « TGV » ne signifie pas nécessairement « équilibre financier ». Ainsi le directeur commercial du TGV Est constatait « Le TGV Est est un succès commercial éclatant, mais il n’est pas rentable ». Le président de la SNCF lui-même, Guillaume Pépy, indiquait que la rentabilité du tiers des lignes de TGV existantes ne serait pas assurée. Dans ce contexte, l’option LGV pour le POCL est-elle pertinente ?
Des réserves à cause du modèle de développement sous-jacent
Pour rouler vite, il faut limiter les escales. Les petites gares disparaissent. Nous sommes favorables aux transports en commun, certes, mais surtout en ce qu’ils ont de quotidien. Il ne faut pas les réserver au trafic lié aux relations économiques ou aux départ en vacances. Les lignes à grande vitesse sont-elles vraiment la bonne solution en terme d’aménagement du territoire, alors qu’il est possible de dépasser les 200 km/heure en améliorant le réseau existant, la signalisation, et en changeant le matériel roulant ?
Contrairement à ce que le sigle laisse croire, on voit que Clermont-Ferrand ne serait pas sur le tracé de cette ligne ! Clermont serait relié à la ligne POCL par une voie classique ! Et de nouvelles gares seraient créées en plein champs. Avec les 500 km de ligne, ce seraient 15 000 à 20 000 ha de terres agricoles qui disparaîtraient.
Des réserves à cause de l’impact économique non démontré
RFF le signale : « une LGV ne suffit pas pour faire du développement. Montbard, Le Creusot, voire Vendôme ou le Futuroscope, n’ont pas ou que peu bénéficié d’effets significatifs en termes d’aménagement et de développement du territoire ». La plupart des villes du Centre, à défaut d’être des métropoles régionales, entrent dans cette typologie.
Des réserves à cause de l’impact environnemental fort
En dépit des précautions qui seraient prises pour minimiser l’impact d’un tel projet, les nuisances provoquées par la présence d’une ligne de TGV sont importantes : bruit, grave perturbation de la faune et de la flore, rupture sur une distance importante de 500 km de la continuité biologique. Enfin, revenons sur la perte de terres agricoles : l’artificialisation des sols augmente de façon inquiétante, l’union européenne et donc la France le reconnaissent et cette dernière s’est donnée des objectifs de réduction lors du Grenelle de l’environnement. L’île de France est une région où le phénomène est particulièrement critique. Ce qui n’empêche pas ce genre de projet de voir le jour…
Tracés locaux
Penchons-nous maintenant sur le secteur local et regardons les tracés proposés :
Sur les quatre propositions, les tracés C et D sont déjà écartés devant la vive protestation des élus et des associations du parc régional du Gâtinais. Les deux restants, qui se raccordent sur Brétigny, menacent le plateau de Vert-le-Grand : ils ont également un impact très fort sur l’environnement, notamment parce que les continuités écologiques, comme celle de la vallée de la Juine, sont orientées est-ouest. De surcroît, le plateau n’est pas un désert, tant s’en faut.. Plusieurs villes seront directement menacées par cette ligne.
Conclusion de l’ADEMUB sur la LGV POCL
Au regard des enjeux à la fois économiques, sociaux et environnementaux que nous venons d’évoquer, nous demandons que le projet de ligne à grande vitesse POCL soit purement et simplement abandonné au profit d’investissements importants dans la modernisation des lignes existantes. Lignes sur lesquelles la vitesse et les performances doivent pouvoir être améliorées, la priorité étant donnée, par ailleurs, aux lignes transversales et interrégionales, ainsi qu’aux réseaux de desserte locale. Sans oublier la modernisation et le développement du fret, qui reste sinistré dans notre pays.
Pour nous, l’amélioration des liaisons entre Paris et Juvisy est une priorité. il ne doit pas être conditionné par la construction d’une nouvelle voie de TGV. Le sextuplement des voies qu’emprunte le RER C entre Juvisy et Paris doit être réalisé dans les délais les plus brefs et, pourquoi pas, par le percement d’un tunnel dédié au trafic grande lignes et régional.
Quelle est la position de la communauté de communes du val d’Orge sur cette ligne ?
Position de la communauté du val d’Orge; Cahier d’acteur déposé par la communauté du val d’Orge lors du débat public.
Position des agriculteurs franciliens: Cahier d’acteur déposé par La Chambre Interdépartementale d’Agriculture d’Ile de France, la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de l’Ile de France, les Jeunes Agriculteurs d’Ile de France
Très critiques sur le projet qui délaisse la question agricole et considère les espaces agricoles comme vides, ils s’inquiètent du morcellement des surfaces qui rend leur travail très difficile, et de la consommation d’espace. notamment, la tête de tunnel envisagée au sud de Brétigny leur paraît encore trop au nord : ils souhaiteraient un souterrain prolongé.
Les « cahiers d’acteurs », c’est-à-dire les opinions détaillées et argumentées, de plus de 200 personnes morales se trouvent sur le site du débat public lgv pocl.