20 ans de travail, d’études et de découvertes, de concertation, trop souvent arrachée, de batailles, longues et difficiles, pour défendre notre bien commun : un environnement sauvegardé et restauré. Une aventure humaine enthousiasmante, qui demande une dose de courage au vu des résultats, parfois décevants, obtenus sur le terrain.
Telle se présente l’histoire de l’ADEMUB, une « entreprise » encore jeune qui ne craint pas de relever les défis d’un avenir incertain. Merci à Paul SIMON, le président fondateur, et à Michel GUALINO, son successeur en 1994.
Tout commence en 1992. Brétigny était alors sous la menace d’une urbanisation anarchique. Le maire de l’époque caressait de grands projets de construction de logements en centre ville et sur les 50 hectares de l’Orme fourmi (4.500 logements entre Saint-Pierre et Francilienne). Son ambition : faire de Brétigny une ville de 35 à 40.000 habitants en 2015. C’est alors qu’une poignée d’intrépides, sous l’impulsion de Paul Simon, personnalité locale bien connue, créa l’Association pour la défense de l’environnement… et la maîtrise de l’urbanisation. On comprend l’importance qu’avait alors ce second objectif.
Michel Gualino, membre de l’équipe fondatrice et président de l’association pendant près de 10 ans, se souvient « La Ville a acheté les terrains du centre, revendus ensuite aux promoteurs pour reconstruire autour de la place du 11 novembre des logements qui ont coûté fort cher à leurs acheteurs ».
L’ADEMUB a fait un gros travail d’enquête auprès de la population sur ces projets d’urbanisation, inscrits dans un POS révisé entre 1995-1997. Dénonçant les risques d’urbanisation accélérée et d’accroissement trop rapide de la population, l’ADEMUB donne logiquement un avis défavorable à ce projet de révision du POS.
Non aux 200.000 tonnes de déchets de la SOREDIV !
Dans les années 1997-1998, un autre gros dossier a accaparé tous nos efforts : celui de la Sorediv. Cette société projetait, avec l’accord du maire, d’installer à deux pas des zones habitées de la Moinerie, un centre de tri de 200.000 tonnes de déchets industriels par an, au mépris-même des règles du POS, qui limitait les activités, dans ce secteur, à l’artisanat et à la petite industrie. Tollé général dans la population. L’ADEMUB se saisit du dossier, distribue des tracts, organise des réunions publiques et, avec l’aide de l’ADIB, une autre association locale, met sur pied une manifestation publique jusqu’à la mairie, avec pancartes et slogans. Malgré cela, le préfet prend un arrêté qui autorise l’installation de l’usine. L’ADEMUB attaque l’arrêté au tribunal… et gagne son procès. Les déchets indésirables, la noria de camions et toutes les autres nuisances redoutées quittent définitivement Brétigny avant même d’y avoir pris pied.
Entrepôts géants et urbanisation forcenée
Vinrent ensuite, au début des années 2000, les entrepôts logistiques géants surgis comme des champignons à la place des champs de blé. Malgré nos avis défavorables, rien n’a pu empêcher leur prolifération : les plans d’urbanisme avaient tout prévu. Comme ils avaient prévu la vaste zone commerciale de Maison Neuve, concurrente de nos commerces de proximité.
Les années 2000, c’est aussi l’obtention de l’agrément au titre à la fois du Code de l’environnement et du Code de l’urbanisme, une reconnaissance légale qui nous donne plus de poids dans le dialogue avec les pouvoirs publics. Avec l’organisation des Journées de la nature et de l’environnement (JNE), en 2002, 2004 et 2006, en partenariat avec la Ville de Brétigny, nous avons montré notre capacité à organiser une manifestation d’importance.
Clause, je t’aime. Moi non plus !
Alors qu’on densifiait à tout-va au centre ville, le maire en rajouta dans le quartier Clause. Il était tentant, en effet, de profiter de ces 50 ha de terrains abandonnés (mais en grande partie encore en culture) par l’entreprise Clause pour construire. « Construire », surtout autour des gares, n’était-ce pas l’urgence clamée partout ? Certes, il fallait construire, mais modérément. On nous imposa d’emblée 1630, puis rapidement 2400 logements. On allait nous faire un « éco-quartier », avec des espaces verts, des logements à faible consommation énergétique, etc. Commença alors, sous notre impulsion, une campagne de pétitions pour demander un peu moins de béton : 1300 signatures remises à nos responsables politiques. Rien n’y fit. Clause se fera. Aujourd’hui, nous suivons avec attention la réalisation de ce quartier trop minéral, intervenant à chaque fois que cela est nécessaire pour favoriser le plus possible la végétalisation, les circulations douces et un nouveau mode de vie, un peu plus conforme aux impératifs environnementaux.
Des leçons pour l’avenir
Tout au long de ces 20 années, on ne peut faire aussi l’impasse sur le travail accompli quotidiennement : nos campagnes contre le changement climatique, pour la sauvegarde de la biodiversité, pour le développement des alternatives au tout-automobile, pour la protection de nos derniers espaces agricoles, la sanctuarisation de notre vallée de l’Orge…Au cœur de cette action, il faut placer l’important travail d’information réalisé, notamment au moyen de notre journal « ADEMUB Infos ». Ce numéro, le 46ème, en témoigne.
L’ADEMUB y est souvent apparue comme l’un des rares contre-pouvoirs à Brétigny. Notre présence constante sur le terrain et dans les instances de concertation, notre pugnacité ont contribué au devenir de notre cité. Des leçons à tirer pour ceux appelés à poursuivre la tâche au cours des prochaines années. Une tâche immense au vu des enjeux majeurs qui se dressent devant nous.
(article Ademub infos n°46 octobre 2012)