Le 28 mars dernier, le conseil municipal approuvait le nouveau PLU (Plan local d’urbanisme). Une formalité. Nous comprenons parfaitement que des élus puissent ne pas tout appréhender en matière d’environnement, et c’est justement le rôle de la démocratie participative d’élargir la vision de chacun.
Mais là, nous pouvons dire que les remarques communiquées par notre courrier du 3 mars 2013 ont été globalement ignorées. Pour ce qui concerne le document « Bilan de la concertation », il ne s’appuie que sur les éléments issus des réunions antérieures à ce courrier. La municipalité s’est bornée à satisfaire aux obligations légales en matière de concertation. Ainsi les services du maire estiment-ils « avoir tout présenté dans les règles » (Le Parisien du 28 mars).
La vérité est que la partie essentielle du PLU, le règlement de zone, qui définit les règles d’urbanisation dans le détail, n’a pas été soumise à la discussion dans des conditions équitables. Or, il est, avec le plan de zonage, le seul document opposable aux tiers (à valeur juridique). Ces méthodes rétrogrades n’ont rien à voir avec l’orientation politique : d’autres, à gauche (Plessis-Pâté) ou à droite (Marolles), s’efforcent de prendre en compte la dimension environnementale et la concertation. Ici on mégote, on esquive.
Aujourd’hui nous pouvons reprendre l’essentiel des remarques de notre courrier qui commentait le règlement de zone. Nous invitons nos lecteurs à aller consulter ce courrier de 7 pages (voir ci-dessous) dont nous ne pourrons restituer ici que l’esprit général.
Si les prémisses du discours intègrent des considérations de développement soutenable, la traduction réglementaire a été faite à minima : les éléments du diagnostic, souvent objectifs quoique parfois sommaires, ne sont pas suivis des mesures qu’ils semblent suggérer. Ainsi on indique « les liaisons douces sont encore insuffisantes (…). Il manque une vraie continuité des liaisons douces reliant les différents éléments du patrimoine naturel (…) ainsi que les différents quartiers au centre ancien. » Juste ! Mais les projets pour la mise en place d’un réseau dense, continu, confortable et sûr en la matière, ainsi que les équipements nécessaires, notamment de stationnement, manquent grandement à l’appel.
En dépit des affirmations, il n’y a pas d’inflexion significative dans la consommation des espaces agricoles. Le retour en zone agricole de l’Orme Fourmi est une bonne chose, mais il n’est que la contrepartie des 80 ha à urbaniser supplémentaires prévus par la reconversion de la base aérienne. Et ceux-ci s’ajoutent aux consommations déjà prévues sur Clause-Bois Badeau et le secteur de Maison Neuve. En matière d’urbanisation, cette équipe municipale aura été la plus vorace des 30 dernières années. Et, devant la nécessité d’apporter une protection supplémentaire aux surfaces restantes, le maire se montre réticent face à notre proposition de classer celles-ci en zones agricoles protégées (ZAP), contrairement à ses collègues du Plessis-Pâté et de Vert-le-Grand.
En parallèle, aucun effort notoire n’est défini au niveau du PLU pour protéger le secteur des Joncs Marins : là, on botte en touche en renvoyant aux projets de l’AEV (agence régionale chargée des espaces verts). Il était pourtant possible d’accroître la protection sur les secteurs situés hors du périmètre du domaine régional, qui devrait d’ailleurs lui-même être étendu.
On lit encore dans le diagnostic (p.109) : « Cependant, la trame verte et bleue ne doit pas être pensée seulement à l’échelle communale, mais doit aussi s’inscrire dans un cadre plus large à l’échelle intercommunale ». Affirmation correcte mais qu’on utilise pour ne plus voir qu’une seule trame verte et bleue : la vallée de l’Orge, en s’exonérant de tout effort réel de création de continuités biologiques pénétrant le tissu urbain. Nous avons demandé des mesures renforcées de protection sur le secteur des Joncs marins, nécessaires sur ce secteur menacé, indispensable pour construire la trame verte jusqu’au parc urbain de Clause-Bois Badeau et au-delà. Mais l’objectif annoncé reste dans le vague.
On minimise l’urgence climatique
Sur les zones déjà urbanisées, on a conservé (voire renforcé, sous la pression locale) les dispositions laxistes existantes, notamment par des contraintes réduites ou inexistantes en matière d’occupation des sols. L’inventaire des espaces verts est encore lacunaire, les protections supplémentaires du patrimoine urbain demandées, telle l’école Jean Jaurès, n’ont pas été retenues. Nous attendons toujours un inventaire des arbres remarquables et des mares et autres espaces humides sur la ville.
La protection des coteaux de l’Orge et du Blutin est insuffisante et trop partielle. Dans la continuité du PLU précédent, on laisse l’urbanisation coloniser ces versants : Chemin des Pâtures, rue de Valorge, par un mitage « légal » accepté, voire encouragé, par la mairie.
Enfin, en dépit des propos de la mairie qui se veulent rassurants, notre inquiétude demeure quant au projet nébuleux d’orientation, d’aménagement et de programmation pour le centre-ville : « Il ne s’agissait pas de créer des nouvelles circulations de transit, mais d’améliorer les perméabilités entre le centre-ville et les quartiers environnants ». En tout état de cause, une véritable concertation digne de ce nom devra être menée avec tous et très en amont sur ce projet déterminant pour l’avenir du centre-ville.
La Municipalité, bien qu’elle ait signé récemment la charte régionale de la biodiversité, n’a pas de projet global en la matière, même si quelques ouvertures apparaissent. Sa vision de l’avenir de notre ville reste encore trop largement à courte vue et manque incontestablement de souffle.
ADEMUB iNFOS n°48 Juin 2013 Édito