En matière de transition énergétique et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, les déplacements et transports représentent dans notre région un secteur majeur à prendre en compte. Dans le SDRIF (Schéma directeur de la région Ile-de-France) comme dans le PDU (Plan des déplacements urbains), documents récemment adoptés(1), le Conseil régional fixe des objectifs et prévoit des projets. Mais ceux-ci sont-ils à la hauteur des enjeux ?
Dans les premières pages du SDRIF, on peut lire que la facture carbone des activités en Ile-de-France représente 79Mt équivalent CO2 dont 48% de ce total pour les transports. Aux 79 Mt, il faut ajouter les 44 Mt équivalent CO2 qui proviennent des visiteurs : 2 aéroports internationaux (Orly et Roissy) pour un mouvement de 83 millions de passagers par an.
Afin de réduire de manière drastique ces émissions de CO2 ainsi que les autres pollutions et nuisances dues aux transports, le SDRIF définit 4 objectifs :
– Moderniser et optimiser les réseaux existants pour satisfaire les besoins immédiats des Franciliens – Répondre aux déplacements de banlieue à banlieue – Organiser l’offre de transports collectifs dans la grande couronne afin d’assurer les dessertes des bassins de vie et les liaisons de pôle à pôle – Promouvoir les nouveaux systèmes de mobilité
1 – Pour fiabiliser les réseaux actuels, le SDRIF prévoit de pallier à l’hétérogénéité du trafic ferroviaire : les trains omnibus, les grandes lignes et le fret utilisent les mêmes voies. Pour l’amélioration des conditions de transport, des grands projets sont inscrits : prolongement du RER E à l’ouest, nouveau tunnel central pour désengorger le tronc commun des RER B et D entre les Halles et la Gare du Nord, création d’une paire de voies supplémentaires entre Juvisy-sur-Orge et Paris-Austerlitz, ou encore création d’une voie nouvelle en surface pour le RER D dans le secteur de Gonesse. Pour compléter les réseaux actuels, le SDRIF veut développer des lignes de tramways et de TCSP (transports collectifs en site propre).
2 – De même, l’amélioration du système de transport passe par la création de lignes permettant des liaisons de banlieue à banlieue ce qui devrait réduire l’utilisation de la voiture. Cette amélioration s’appuie sur la réalisation du métro automatique du Grand Paris Express et sur le prolongement de lignes existantes : par exemple prolongement de la ligne 4 jusqu’à Bagneux, de la ligne 14 jusqu’à Mairie de St Ouen pour désengorger la ligne 13 … Le réseau du métro passera ainsi de 220 km en 2012 à plus de 440 km en 2030.
3 – Autour de certaines gares, un réseau de lignes de tram-train (Massy-Evry, Tangentielle Nord Epinay-sur-Seine – Le Bourget, Tangentielle Ouest Saint-Cyr – Saint-Germain-en-Laye) permettra de mieux desservir la moyenne et la grande couronne. Le SDRIF veut développer le tramway et envisage la réalisation d’une douzaine de lignes : prolongement des T1, T3, T4 … création du T7 Villejuif-Juvisy dont la section Villejuif-Athis-Mons est entrée en service à la mi-novembre 2013 ; d’autres lignes compléteront ce dispositif.
4 – Le SDRIF fait également mention des modes alternatifs au véhicule particulier, car le réseau routier est complètement saturé à certaines heures. Ce développement doit permettre de réduire l’usage de la voiture, notamment pour les déplacements de banlieue à banlieue et ainsi réduire les nuisances sur notre environnement. Le SDRIF prévoit la nécessité d’aménager des boulevards urbains en voirie multimodale. Il souligne également l’importance de constituer un réseau régional d’itinéraires cyclables, des aires de stationnement afin de renforcer la place du vélo en Ile-de-France et d’en faire un mode de transport à part entière. « Le principe du partage multimodal de la voirie initié par le PDUIF (Plan de déplacements urbains en Ile-de-France) doit devenir la règle générale. » (SDRIF page 107)
Du bon et du moins bon …
Il n’est pas fait mention de manière explicite, dans le SDRIF, de la transition énergétique comme élément déterminant dans les choix effectués en faveur de tel ou tel mode de transport ou de telle ou telle énergie utilisée, qu’il s’agisse de l’électricité ( et de son origine) ou des énergies renouvelables. Cependant, le principe, énoncé dans le SDRIF selon lequel il faut : « concevoir des transports pour une vie moins dépendante de l’automobile » nous paraît tout à fait positif.
Développer des liaisons de banlieue à banlieue par des transports en commun fiables et fréquents désengorgera les liaisons par la capitale, alors qu’actuellement il faut souvent passer par Paris pour aller d’une banlieue à une autre. Et remplacer le véhicule particulier par des transports en commun pour de tels trajets permettra de réduire de façon non négligeable l’impact sur l’environnement, de pallier aux pertes de temps et au stress causés par ces embouteillages.
(1) Le SDRIF est le document qui planifie le développement et l’évolution de la région à l’horizon 2030. L’Etat vient d’approuver celui-ci par décret publié au Journal officiel le 28 décembre 2013.