Après 2010, l’Année Internationale de la biodiversité, l’ONU vient de décréter 2011, Année Internationale de la Forêt.

L’environnement est devenu une préoccupation majeure de l’organisation mondiale et les célébrations se succèdent comme autant de coups de semonce. Le thème de la forêt s’inscrit naturellement dans le cadre de notre deuxième année de campagne sur la biodiversité. Elle sera le sujet central de notre semaine de la biodiversité avec un double débat : la déforestation et l’arbre dans la ville.

En apparence la forêt française se porte bien : sa surface, qui a doublé depuis 1850, continue de progresser. Nous sommes le troisième pays européen pour la surface forestière après la Suède et la Finlande. La « filière bois », au sens très large, occupe 450 000 personnes. Cependant il faut aussi noter les limites de ce bilan : la plupart de nos forêts ne sont pas des forêts primaires mais des forêts cultivées de longue date dont la biodiversité a déjà été dégradée depuis longtemps. Les trois quarts des forêts appartiennent à de nombreux propriétaires privés (3,5 millions), c’est un espace morcelé dont la gestion relève souvent de l’exploitation minière, donnant des écosystèmes pauvres et dont le schéma d’ensemble n’est pas toujours approprié pour constituer des continuités biologiques nécessaires à la circulation des espèces. Quant au domaine public, la prise de conscience de l’utilité d’une meilleure mixité des essences est récente : elle est liée notamment aux tempêtes. Il en va de même de la prise en compte de la préservation de la biodiversité, lent processus de maturation, engagé avec le développement des parcs et réserves naturelles. Malheureusement, l’Office National des Forêts qui gère les forêts publiques subit en parallèle de fortes pressions à la productivité, avec une baisse drastique des effectifs, ce qui mine le moral de ses salariés. Une fois encore, on le voit, les questions naturelles nous obligent à nous poser des questions proprement humaines.

Mais les forêts, ce sont aussi les lieux de nos loisirs au quotidien. Elles participent à notre cadre de vie et à notre qualité de vie. Aujourd’hui la randonnée est pratiquée, souvent en forêt, par 15 millions de français. Mais on y rencontre d’autres utilisateurs : les conflits d’usages se multiplient et l’activité la plus anodine peut aussi provoquer des nuisances, comme n’importe quelle activité humaine. L’opposition traditionnelle, vaguement caricaturale, entre le gentil promeneur et le méchant chasseur laisse place à une complexité difficile à gérer entre les usagers et les besoins de la biodiversité, mais aussi entre les hommes eux-mêmes. Parallèlement, la question de la biodiversité en ville a pris de l’ampleur. L’association régionale Natureparif en assure une large promotion auprès des communes franciliennes. L’arbre, à la fois comme symbole de la biodiversité et comme « élément du décor » de notre paysage intime est une pièce maîtresse, pour autant qu’on prenne en considération la richesse du vivant qui peut s’y développer. Trop souvent on condamne l’arbre à la destruction, par commodité. Et les arbres remarquables qui agrémentent notre quotidien et nous apportent un confort visuel, disparaissent parce que les collectivités publiques n’ont pas jugé utile de les protéger.

Au-delà de nos frontières, la situation des forêts est plus critique. Les raisons qui ont conduit à la destruction des forêts en Europe jusqu’au 19ème siècle agissent aujourd’hui à plein régime dans des régions exotiques : la fibre végétale qu’on utilise pour se chauffer, fabriquer des carburants, pour se meubler, pour construire, souvent au profit d’industries d’exportation, se cultive de plus en plus souvent en saccageant les forêts « primaires » et leur vie foisonnante. Pourtant le rôle économique de ces forêts est important. Il est « invisible » dans nos statistiques, comme le sont souvent les « biens communs ».

Moralité… « L’arbre du profit immédiat cache la forêt de nos intérêts communs »

Le CA de l’ADEMUB

ADEMUB iNFOS n°43 Octobre 2011 Edito