Les arguments que nous a communiqués Nicolas Méary pour expliquer son abstention lors du vote sur la motion contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste en Essonne, au Conseil communautaire du 17 décembre 2014, nous appellent à faire les remarques suivantes que nous adressons à M. Méary, ainsi qu’aux autres conseillers communautaires de Brétigny.
De : deboise.d [mailto:deboise.d@free.fr] Envoyé : jeudi 5 février 2015 09:19 À : ’deboise.d’ ; ’nicolas.meary@formetris.com’ Cc : ’n.meary@mairie-bretigny91.fr’ ; ’nicolas.meary@formetris.com’ ; ’c.lecoustey@mairie-bretigny91.fr’ ; ’christiane.lecoustey@bbox.fr’ ; ’d.jouin@mairie-bretigny91.fr’ ; ’m.peltier@mairie-bretigny91.fr’ ; ’i.perdereau@mairie-bretigny91.fr’ ; ’c.besnard@mairie-bretigny91.fr’ ; ’f.bondoux@mairie-bretigny91.fr’ ; ’bernard.decaux91@orange.fr’ ; ’jocelyne.garric@orange.fr’
Objet : Sur l’exploration et l’exploitation des gaz et pétrole de schiste
Monsieur le Maire,
Dans votre réponse à notre question relative à votre vote émis lors du conseil communautaire du 17 décembre 2014, vous nous avez expliqué que vous étiez bien opposé à la technique de la fracturation hydraulique pour ses conséquences néfastes à la fois pour notre santé et pour notre environnement. Mais que, si vous vous êtes abstenu, c’était en considérant qu’un « miracle « n’était pas exclu en ce domaine et que la science saurait nous trouver une technique alternative « propre ». Et, qu’en conséquence, il n’était pas bon de renoncer à la chance que représentait pour notre pays l’exploitation de cette source d’énergie à terme.
Nous pensons, pour notre part, que cette position, exprimée en contradiction avec la grande majorité des membres du conseil communautaire, et avec la totalité des membres du conseil général, qui avaient voté au préalable le même texte, révèle de votre part une certaine méconnaissance d’un dossier, certes complexe, mais qu’une approche exhaustive et objective permet d’en bien appréhender tous les aspects négatifs.
Il faut savoir en effet que l’exploitation de cette énergie, intrinsèquement « sale », représente, de par sa difficulté d’extraction et les aléas qui l’accompagnent, un risque majeur, quelle que soit la technique utilisée. Les autres techniques expérimentées jusqu’à présent (arc électrique, gaz butane…) ont dû rapidement être abandonnées car inopérantes ou dangereuses, et surtout trop coûteuses pour être rentables. C’est la raison pour laquelle les extractions pratiquées aux Etats-Unis (plus d’un million de forages) ou ailleurs ont utilisé et continuent d’utiliser pour l’essentiel la fracturation hydraulique.
Il n’est pas aisé d’aller fracturer la roche-mère, en grande profondeur (1 500 à 2 500 m) pour tenter d’extraire, en provoquant une multitude de mini-explosions aux effets incontrôlés, une myriade de gouttelettes piégées dans un schiste extrêmement dur. Il est totalement impossible, dans ces conditions, de faire remonter du gaz ou du pétrole sans l’utilisation d’un fluide quel qu’il soit et l’adjonction de produits « lubrifiants » ou « facilitateurs » dont on peut, certes, réduire la toxicité, mais sans l’annuler complètement et sans éviter de remonter en même temps divers complexes radioactifs et un cocktail de polluants d’une nature nouvelle (mutations).
Il faut savoir aussi que l’extraction du gaz (méthane) ne peut aller, malgré tous les efforts pour assurer l’étanchéité des puits de forage, sans un pourcentage de fuites évalué, par les diverses expertises successives, entre 5 et 9% du total, et que les puits abandonnés après exploitation, bien qu’obturés, continuent d’émettre du gaz pendant des années.
En outre, ces défauts d’étanchéité ne sont pas sans conséquences sur la qualité des eaux souterraines, notamment les eaux destinées à la consommation humaine dont on a pu constater la pollution à maintes reprises, avec des effets délétères qui ne sont plus à démontrer.
L’exploitation intensive de ces hydrocarbures non conventionnels a également des effets catastrophiques sur les paysages, détruits pour longtemps. La courte durée d’exploitation de chacun des puits (3 ou 4 ans) et leur très faible productivité (la moitié du contenu d’un puits est épuisée dès la première année) conduisent les exploitants à multiplier ceux-ci pour assurer une continuité de l’approvisionnement. Ainsi, les paysages de certaines régions, comme le Texas, le Wyoming ou la Pennsylvanie, par exemple, présentent, comme le montrent à l’envi les vues aériennes, un paysage lunaire avec un sol criblé de trous et dévasté par les infrastructures d’exploitation et d’approvisionnement.
Libre aux Etats-Unis de détruire ainsi pour longtemps leurs paysages et leurs milieux naturels. Mais il faut savoir que les régions impactées y présentent généralement une faible densité de population (2 à 3 habitants/km² dans le Wyoming). Or, tel n’est pas le cas dans notre pays et surtout en Essonne, à la densité de population bien plus élevée (679 habitants/km²). Laquelle population y est d’ailleurs farouchement opposée, comme en de nombreux autres pays (voir les manifestations récentes en Algérie), y compris des Etats américains comme la Floride et New York.
Enfin, l’exploitation des GDS, aujourd’hui ou demain, est en contradiction totale avec les engagements pris par la France en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique (réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre et de 30% de la consommation d’énergies fossiles en 2030). Prétendre, dans ces conditions, s’appuyer sur une énergie fossile, au demeurant non rentable (la bulle financière est en train d’éclater aux Etats-Unis), au moment où notre pays, qui vient d’adopter une loi sur la transition énergétique, s’apprête à recevoir la Conférence mondiale sur le climat, n’est pas de bonne politique et représente une totale aberration.
Nous sommes prêts à vous rencontrer quand vous le souhaitez pour échanger sur ce grave problème. Il serait d’ailleurs intéressant que Madame Marianne Duranton, également membre de votre propre parti (UDI) et opposée à l’exploration et à l’exploitation des gaz et pétrole de schiste, prenne part à cet échange qui ne peut qu’être instructif pour tous.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Maire, nos salutations les plus cordiales.
Pour le CA de l’ADEMUB,
Dominique DEBOISE, président
Vous pouvez revoir la réponse de Nicolas Méary à notre question sur le vote pour la motion sur les gaz de schiste en cliquant sur l’icône ci-dessous