Le 27 janvier 2005, le Maire, Bernard Decaux, a fait approuver par le Conseil Municipal deux délibérations pour lancer une première opération comportant déjà la construction de plus de 1 600 logements sur le site qui comprend notamment les anciens terrains de la Société Clause.

On ne peut qu’être surpris de la brusquerie de cette décision qui brûle les étapes de la concertation nécessaire, car c’est l’avenir de la Commune qui est engagé pour 20 ou 30 ans au moins.

L’importance du projet n’échappera à personne : 1 600 logements de plus, c’est environ 5 000 habitants de plus (3 à 4 personnes par logement de 80 m2). C’est une ville comme Le Plessis-Pâté ou Leuville, mais avec des immeubles de 5 étages au moins, que l’on rajoute à la ville de Brétigny.

Ajoutons à cela les opérations déjà prévues en face et autour de la gare, ainsi que l’aménagement de la zone Collenot (400 logements), c’est donc encore, à court terme, 2 000 habitants de plus qui se joindront aux précédents. Dans un délai relativement bref, Brétigny dépassera les 30 000 habitants.

Ces accroissements, c’est aussi 2 500 à 3 000 voitures supplémentaires circulant dans les rues de la commune pour lesquelles aucun élargissement n’a été prévu.

Bien sûr, nous n’avons jamais été opposés au développement de la ville. Encore faudrait-il avant de passer à une importante tranche de construction nouvelle que la commune soit correctement équipée pour les 23 000 habitants qui s’y trouvent, ce qui n’est pas le cas actuellement, notamment sur cinq points essentiels :

1er point : La configuration de la ville

La ville est coupée en deux parties Est-Ouest par la voie ferrée et la largeur des ponts qui franchissent la voie n’a pas changé depuis un siècle, époque des charrettes à bœufs. Les travaux nécessaires sont repoussés d’année en année depuis plus de dix ans, et les projets annoncés sont insuffisants pour améliorer la circulation d’aujourd’hui, donc à plus forte raison pour celle de demain. La population du côté Ouest (où se trouvent les « terrains Clause ») doit passer les ponts pour aller côté Est où sont les principaux équipements sociaux (la Poste, les collèges, le lycée, la Mairie, la Sécurité sociale, les cabinets médicaux, etc..) et commerciaux (boulangers, supermarchés, marché, etc.).

2ème point : La voirie intérieure

La voirie intérieure de la ville est trop étroite et les embouteillages se multiplient. Les constructions nouvelles ont été alignées au plus près, même là où les trottoirs étaient déjà trop étroits pour les piétons. Aucun plan d’alignement des rues n’existe. Le plan d’occupation des sols précédent (page 50) précisait d’ailleurs que le réseau des rues de Brétigny « ne pourra accueillir un trafic notablement supérieur qu’en étant profondément remanié. Le seul élargissement d’un franchissement de la voie ferrée, qui apporterait un plus au plan local indéniable, ne permettrait pas d’accroître la capacité globale du réseau ».

3ème point : L’assainissement

En divers endroits les canalisations d’égouts sont insuffisantes, des débordements intolérables se produisent, des caves sont inondées. L’ensemble doit être revu et recalibré si nécessaire avant toute extension.

4ème point : Les établissements scolaires

Il n’y a pas de collège dans la partie Ouest de la ville. Une des promesses électorales de 1995 était la construction d’un collège vers les Cendrennes. Trois générations de collégiens n’en ont pas vu la couleur. Les enfants côté Ouest traversent donc tous les jours des ponts dangereux pour leur sécurité pour se rendre côté Est. Va-t-on attendre un accident grave pour faire quelque chose ?

5ème point : Le RER C

Le RER C, saturé, ne peut fonctionner de manière fiable, les usagers sont obligés de manifester, les retards se multiplient. Pourtant en gare de Paris-St Michel, le nombre de rames qui arrivent ou partent est à la limite du possible et de la sécurité (aux heures de pointe un train toutes les deux minutes), les voitures sont à deux étages, les quais ont été rallongés pour accueillir un nombre maximum de voitures. Avec le projet envisagé, rien qu’à la gare de Brétigny, 800 personnes supplémentaires seront sur le quai chaque matin. Que fait-on pour les transporter décemment ?

Ce sont là les cinq points qui en doivent être réexaminés en priorité avant de parler de développement massif de la ville.

Le Maire-adjoint à l’urbanisme, Robert Chambonnet, invoque à l’appui de ses projets de construction des arguments discutables :

1°/ Pour profiter au maximum de la proximité de la gare, il faut densifier autant que possible le pôle de la gare et le centre-ville.

Cela entraînera donc des immeubles de six étages partout où on pourra, des trottoirs étroits, des espaces verts à peine visibles dans des cours intérieures où les enfants ne joueront pas. Conséquences : sur la place de la gare, une centaine de voitures tourneront en rond à l’arrivée de chaque train, une dizaine d’autobus manœuvreront péniblement dans des couloirs étroits, les piétons se réfugieront comme ils pourront. Est-ce bien cela que nous voulons ?

2°/ Argument inévitable chez les élus politiques : « si nous en sommes là, c’est la faute de nos prédécesseurs qui n’ont rien fait ».

Robert Chambonnet dit « nous avons hérité d’un règlement de plan d’occupation des sols clientéliste et très permissif en 2001 ». C’est vrai puisqu’un promoteur a même pu construire sur la colline St-Pierre. Mais ce qu’il ne dit pas c’est que pendant presque trois ans, lui n’a rien fait pour modifier ce plan et que le nouveau plan local d’urbanisme qu’il envisage ne fera que conforter le précédent. Selon lui aussi, « l’urbanisation maîtrisée à Brétigny, cela veut dire construire en ne créant qu’un minimum d’infrastructures », ce qui, si nous savons lire, veut dire : on construira le moins d’équipements possibles, on se contentera de ce qui existe.(voir bulletin municipal PAROLE-novembre 2004 page 17). Les Brétignolais n’ont pas fini de faire la queue par exemple à la Poste.

3°/ Argument suprême enfin : « il faut des logements pour nos jeunes ».

Nous sommes bien d’accord sur le thème, mais ici l’argument ne tient pas, car nous savons malheureusement que sauf miracle les jeunes ne profiteront guère, comme par le passé, des logements construits ; la spéculation immobilière à Brétigny ne leur permettra pas de se loger à un prix accessible, même dans des logements dits sociaux.

Si ces logements existent un jour, ils seront peu nombreux et chers ; pour les deux-tiers l’attribution des appartement sociaux ne dépend pas de la Mairie, car les logements sont attribués par la Préfecture et les bailleurs au plan départemental, la Mairie n’ayant son mot à dire que pour le tiers restant. La crise permanente du logement social ne sera résolue que le jour où l’Etat lui-même interviendra par des mesures exceptionnelles qu’il ne nous appartient pas de définir ici.

A notre grand regret, la plupart des logements qui seront construits à Brétigny sortiront au prix du marché comme d’habitude et seront vendus ou loués principalement à des ménages établis venant de province ou de Paris.

Par ailleurs, le plan local d’urbanisme (PLU) en préparation fait état de bonnes intentions en langue de bois comme on dit, c’est à dire qu’on prétend « développer » ceci, « favoriser » cela, « préserver les espaces naturels », « limiter les pollutions », « améliorer les liaisons », mais aucune solution concrète importante n’est proposée après ces bonnes intentions.

Mieux encore, par lettre du 28 janvier 2005 aux Brétignolais, le Maire déclare que « dans 6 mois les élus devront prendre les premières décisions qui dessineront le visage de notre ville d’ici 15 ans », ce qui est inexact puisque dès la veille 27 janvier le Conseil municipal a déjà décidé – malgré une forte opposition – de lancer les préliminaires d’une opération de construction de 1600 logements sur les terrains Clause. La décision est prise et maintenant on nous propose une concertation bidon qui ne portera vraisemblablement que sur quelques logements en plus ou en moins et quelques mètres carrés d’espaces verts à grappiller. Le Maire n’a évidemment pas lancé les frais considérables d’étude d’une telle construction pour ne pas s’en servir.

Il n’en est que plus urgent pour les Brétignolais de manifester leur opposition au projet démesuré d’extension de la ville. Nous ne voulons pas faire les frais de cette course effrénée et sans fin à l’urbanisation et nous demandons au préalable que soit complété l’équipement de la ville pour améliorer le sort des 25 000 habitants qui s’y trouvent déjà.