La leçon à tirer de la catastrophe de Fukushima est simple : il faut arrêter la production d’énergie nucléaire, certes progressivement, mais dès que possible, et lui substituer un ensemble d’énergies complémentaires, en privilégiant absolument les énergies renouvelables dont le solaire. La catastrophe de Fukushima nous réveille en sursaut de notre léthargie face au danger incommensurable de la technologie de l’atome. En France, l’origine de l’industrie nucléaire, principale source de production d’électricité, est d’abord militaire – pour la production de bombes – d’où la culture du secret qui entoure ce secteur. Qu’est-ce que l’énergie nucléaire dite civile ? C’est, depuis les années 1950, avec la mise en service en France des 9 premiers réacteurs, l’utilisation de la chaleur produite par la fission de l’atome pour chauffer de l’eau et produire de la vapeur qui fait tourner des turbines pour produire de l’électricité. Mais l’utilisation de la technologie dérivée de la bombe est bien trop complexe et dangereuse pour être poursuivie. Les décideurs nous disent que le nucléaire n’est pas cher, mais ils se gardent bien d’inclure le coût de la gestion des déchets et du démantèlement des centrales ! En outre, l’uranium est entièrement importé et son extraction est devenue difficile et dangereuse. C’est l’Etat qui paye, donc le contribuable, et les coûts d’investissement des nouvelles centrales ne cessent d’augmenter. Ce coût exorbitant de la recherche et de la mise au point de l’énergie atomique pénalise la recherche et les investissements dans d’autres secteurs, comme l’énergie solaire ou éolienne, mais aussi la conception de maisons ou d’immeubles très sobres en énergie, qui reçoivent une aide financière tout à fait insuffisante de l’Etat. A quel point sommes-nous dépendants de l’énergie nucléaire ? Il ne faut pas confondre l’énergie en général… et la seule électricité : « En France, la part de l’électricité dans la consommation d’énergie finale est de 21%, de sorte que la contribution du nucléaire à la consommation d’énergie finale de la France est seulement de 14% ». (Source : Réseau sortir du nucléaire). Nous sommes tout à fait capables de nous en passer sans revenir à la bougie… à condition qu’on nous en laisse le choix !

«Le nucléaire c’est seulement 2,4 % de l’énergie consommée dans le monde, contre 15 % grâce aux énergies renouvelables»… «L’hydroélectricité produit environ 3 300 Twh (1 terawatt-heure = 1 milliard de Kwh) annuels contre 2 600 Twh pour les 430 réacteurs nucléaires en service» (Stéphane Lhomme, Président de l’observatoire du nucléaire).

Les 5 principaux accidents nucléaires de niveau 5 à 7 recensés depuis l’origine : Le 12 mars 2011 : niveau 7 à Fukushima : Explosion d’hydrogène consécutive au tremblement de terre et au tsunami à la centrale de Fukushima à Okuma au Japon. En 1986, niveau 7 à Tchernobyl (Ukraine). 1 million de morts selon l’Académie des sciences de New York, dont de nombreux « liquidateurs » ou « kamikazes » irradiés, morts peu après… Tchernobyl n’a pas fini de faire des victimes : ses conséquences terribles et irréversibles sur la santé (cancers, leucémies, pathologies multiples, effets mutagènes, malformations, atteintes neuronales,…) affectent déjà dramatiquement les générations nouvelles. Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, a estimé que plus de 7 millions de personnes avaient été gravement affectées par la catastrophe de Tchernobyl. Pourtant, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), organisme de promotion de l’énergie nucléaire civile, avance encore le chiffre ridicule de 50 victimes.

☢ En 1979, niveau 5 à Three Mile Island (Etats-Unis)

☢ En 1957, niveau 6 à Kychtym (URSS)

☢ En 1957, niveau 5 à Windscale (Grande-Bretagne)

✦ En France, pendant la grande tempête de 1999, on est passé tout près de la catastrophe à la suite d’une inondation (panne des systèmes de refroidissement) à la centrale nucléaire de Blaye, près de l’estuaire de la Gironde. Et des centrales telles que Fessenheim, Tricastin et autres sont situées dans des zones reconnues à risque où des séismes ne sont pas exclus.

Des risques multiples et insidieux pour notre santé Le nombre de cancers de la thyroïde aurait fortement augmenté en Europe depuis la catastrophe de Tchernobyl. Où en est la pollution de l’eau ? Eau de pluie et nappe phréatique peuvent être polluées gravement. La CRIIRAD a relevé des éléments radioactifs à très faible dose après les retombées du nuage radioactif de Fukushima.

✦ Et en Ile-de-France ? Comme pratiquement dans toutes les régions de France, nous sommes directement concernés par le danger d’irradiation potentiel. Chez nous en Essonne, l’industrie nucléaire est très présente : Centre d’activités lié à l’armement atomique à Bruyères-le-Châtel, dépôts de déchets radioactifs du Centre des Poudres et Explosifs du Bouchet à Itteville, d’Angervilliers et du Coudray-Montceaux. Voisins fort dangereux auxquels il faut ajouter les trains avec des « castors » contenant des combustibles irradiés, trains qui empruntent périodiquement la ligne C du RER.

Un réseau d’« usines de mort » est en projet ou en construction sur notre planète, prenant en otages les générations futures sur des centaines, voire des milliers d’années. Un espoir cependant : selon une information publiée, courant mai dans le magazine Challenges et sur Le Monde.fr, le PDG de Total a décidé de suspendre le projet de centrale nucléaire EPR de Penly, et d’investir dans le solaire. Voilà bien un pavé dans la mare du nucléaire.

ADEMUB iNFOS n°42 Juin 2011