un bilan pour réduire les émissions de CO2 de l’agglo

La communauté d’agglomération du Val d’Orge, 10 communes regroupant 125.794 habitants, vient de réaliser son Bilan Carbone. Celui-ci a été présenté en novembre aux membres du Conseil local de développement où siège l’ADEMUB. Analyse et perspectives.

Rappelons qu’un Bilan Carbone sert à évaluer les gaz à effet de serre (GES) émis par toute unité fournissant un produit ou un service. Il permet à la fois d’identifier les postes les plus émetteurs tout en montrant notre dépendance aux énergies fossiles et non renouvelables participant au réchauffement climatique. Il révèle ainsi notre vulnérabilité présente et future à la hausse du prix des énergies, toutes indexées directement ou indirectement sur le prix du pétrole.

La méthode Bilan Carbone (BC) de l’ADEME, initialement prévue pour les entreprises, a été adaptée aux collectivités territoriales en répartissant les émissions sur 2 volets :

▻ Patrimoine et Services : émissions de gaz à effet de serre dues au fonctionnement propre de la collectivité : immobilier administratif (mairies, siège de l’Agglo, bâtiments publics…), culturel et sportif (piscines, théâtres…), déplacements des personnels, ramassage et traitement des déchets, etc.

▻ Territoire : émissions des résidents du Val d’Orge (dont les 22.519 Brétignolais), que ce soit le chauffage des logements, les déplacements domicile-travail, le ramassage et le traitement des déchets, etc. Quelques données fournies lors de la présentation :

Émissions de gaz à effet de serre en tonnes équivalent CO2 par an.
▻ Patrimoine et Services : 30.400 tonnes équivalent CO2. 1er poste : Traitement des déchets et collecte, 52% du total.
▻ Territoire : 784.750 tonnes équivalent CO2. 1er poste (31%) : déplacement des résidents, 2ème poste (28%) : chauffage résidentiel (24%) et chauffage urbain (4%), 3ème poste (27%) : alimentation. Émissions en tonnes équivalent CO2 par habitant : 6,2 t. Émissions globales : environ 1 million de tonnes équivalent CO2. Il nous a en effet été précisé qu’il avait été décidé de ne pas présenter les émissions des entreprises du Val d’Orge (on se demande pourquoi !), soit environ 145.000 tonnes équivalent CO2, ce qui porte les émissions totales, d’après notre calcul, à environ 1 million de tonnes équivalent CO2, soit un ratio d’émission par habitant compris entre 7 et 8 tonnes équivalent CO2, valeur supérieure à la moyenne nationale.

Établir un plan climat pour des solutions à long terme

Ce Bilan Carbone pour l’Agglomération du Val d’Orge est un premier pas que nous saluons. Il convient de rappeler à ce propos deux objectifs. Le premier à très court terme est l’objectif « des 3 fois 20 » fixé par le Grenelle de l’environnement d’ici à 2020 : 20% de réduction de GES, 20% de réduction d’énergie primaire et 20% de part d’énergie renouvelable (23% pour la France). Le second est le facteur 4 ou la division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.

Il est évidemment trop tôt pour dire si l’objectif sera atteint en 2050 : trop de variables rentrent en ligne de compte et cet objectif peut par ailleurs être atteint par un effet non désiré comme une récession subie, forte et durable. Cependant, on peut déjà anticiper en prévoyant que l’objectif des « 3 fois 20 » ne sera pas atteint, puisqu’en France (et il n’y a pas de raison de penser que le Val d’Orge s’en distingue !), les émissions de GES sont en augmentation constante, principalement par le trafic routier (31% du CO2 émis en France, 26% des GES) : véhicules légers et surtout le fret routier (poids lourds) qui augmente plus vite que le PIB depuis 2000. Par ailleurs, le BC n’est qu’une « photographie » des émissions sur une année et ne précise pas la tendance sur plusieurs années, cette lacune – parmi d’autres – ne peut pas lui être reprochée puisque la question n’était pas posée. Des élus qui tablent plus sur le « temps court », imposé par les échéances électorales, peuvent-ils se préoccuper en même temps des objectifs à long terme ?

De ce point de vue, les mesures préconisées par les réalisateurs du Bilan Carbone nous laissent perplexes. Ceux-ci préconisent comme seule solution d’avoir recours au covoiturage qui serait plus efficace que les transports en commun ! Notons aussi que les mots « piéton » ou « vélo » ou même « autopartage » n’ont pas été prononcés une seule fois ni par les présentateurs ni par les élus du Val d’Orge présents.

En réalisant un Bilan Carbone, nos élus ne vont pas tarder à « communiquer » comme cela est préconisé dans les mesures à prendre, mais ils devront aussi agir en faisant face à leurs contradictions : le projet Valvert est un exemple d’une logique expansionniste teintée de « green-washing » qui accroîtra inévitablement les émissions des entreprises… mais il est vrai qu’il a été décidé de ne pas présenter les émissions des entreprises…

N’anticipons pas trop cependant. Le Bilan Carbone, qui n’est qu’un diagnostic, doit déboucher sur l’élaboration d’un plan climat fixant les mesures à prendre pour les années à venir. L’ADEMUB ne manquera pas, au cours de ces travaux, d’apporter des propositions « courageuses » et constructives.