Les nouveaux aménagements des abords du pont du cinéma ne donnent pas satisfaction aux piétons et, surtout, aux cyclistes, condamnés à circuler dans des conditions difficiles en l’absence de tout recours aux doubles sens cyclables dans cette zone.

A Brétigny, la multiplicité des sens uniques représente un véritable casse-tête en centre ville pour les cyclistes, qui doivent faire de longs détours pour y entrer ou en sortir.

L’évolution de la réglementation prévoyant, depuis le 1er juillet 2010, la mise en place généralisée de doubles-sens cyclables dans les rues à sens unique situées en zone 30 représentait pour eux un réel espoir. Avec la réalisation des nouveaux aménagements de voirie consécutifs au doublement du pont du Cinéma, les cyclistes espéraient une nette amélioration de leur sort avec une meilleure continuité et un plus grand confort de leurs déplacements. Hélas, nous sommes loin du compte. Non seulement plusieurs rues concernées ont été curieusement exclues de la zone 30, mais, pour celles placées en zone 30, le maire refuse la mise en double sens cyclable en invoquant des raisons de sécurité. Parmi celles-ci, citons la rue du Général Leclerc (partie haute), la rue Danielle Casanova et la rue Anatole France. Nous pensons que le maire a, de la sécurité des cyclistes, une notion très restrictive, que nous ne partageons pas, de même qu’une grande méconnaissance des nombreuses réalisations en ce domaine dans plusieurs pays d’Europe et dans beaucoup de villes et de villages français, avec des résultats tout à fait probants en matière de sécurité (les statistiques en font foi).

Dans le cas précis de la rue Anatole France, stratégique pour la continuité des déplacements cyclistes et placée sur l’itinéraire nord/sud de la communauté d’agglomération du Val d’Orge, la nature même de l’aménagement qui nous a été imposé par la Ville, privilégiant essentiellement les déplacements et la « fluidité » automobiles, interdit de fait (pour de longues années) toute circulation à double sens cyclable qui assurerait une bonne liaison avec l’avenue de la République et, au-delà, avec la rue Edouard Branly via l’avenue Pasteur.

On nous offre, certes, un double sens cyclable sur la partie basse de la rue (jusqu’à la rue du Baron Fain), à travers une contre-allée située à gauche et déjà fréquemment encombrée par des automobilistes en stationnement illicite qui se comportent comme en terrain conquis et se servent en outre de cette voie comme voie de dégagement. Avec en outre le risque, pour les cyclistes, de se trouver nez-à-nez avec un véhicule de livraison. Or, en sa partie la plus étroite, cette voie-parking est moins large que la partie la plus étroite de la voie principale de la rue Anatole France que le maire interdit pourtant aux cyclistes en double sens. Comprenne qui pourra !

En outre, cette contre-allée se termine au niveau de la rue du Baron Fain. La poursuite vers l’avenue de la République, toujours par la gauche, serait non seulement physiquement impossible, mais aussi dangereuse : problèmes des véhicules sortant du parking et des bus venant en face, ainsi que du tourne-à-droite au carrefour Anatole France/République. Alors qu’il eût suffi de nous écouter et de prévoir un autre aménagement rendant possible le double sens cyclable sur toute la longueur de la rue à droite. Cerise sur le gâteau, les cyclistes devront, contrairement à notre demande, marquer le STOP en traversée de la rue du Général-Leclerc, au sortir de la contre-allée, alors que ceux-ci devraient disposer au contraire de la priorité, comme les piétons, et que plus aucun aménagement cyclable ne prévoit aujourd’hui ,dans la région, cette brimade. Sachant que cette obligation pénalise les cyclistes, qui ne la respectent pas, les aménageurs prévoient aujourd’hui au pire un « Cédez-le-passage ».

Conséquences de tout cela : une bonne partie des cyclistes, qui ne seront pas dissuadés par de tels obstacles, continuera, face à un sens unique, soit d’utiliser malgré tout le droit que leur donne le code de la route, soit d’emprunter les trottoirs, ce qui est pourtant interdit par le même code de la route, au grand dam des piétons, ainsi pénalisés eux aussi.

Les piétons aussi…

A propos des piétons, dont le Maire dit avoir avec raison le plus grand souci, ils ne sont pourtant pas vraiment à la fête dans l’aménagement des ronds-points(*). Que l’on songe, entre autres, au parcours du combattant que doit accomplir le piéton souhaitant rejoindre la ruelle de la Gare à partir du trottoir droit de la rue Anatole France. Certes, la possibilité d’emprunter l’ancien tunnel améliore partiellement leur sort, mais, pour le reste, cela laissait à désirer dans le projet initial. Nous sommes quand même parvenus, rare concession, à faire raccourcir un peu leurs traversées et, surtout, à améliorer sensiblement leur accès à la ruelle de la Gare, où on voulait leur faire franchir un escalier mal conçu accolé à une rampe étroite. Mais celui-ci demeure encore aujourd’hui trop abrupt et interdit quasiment le passage aux fauteuils roulants, qui devront donc faire le tour par la rue d’Estienne d’Orves. De même notre conseil de séparer piétons et cyclistes par un aménagement approprié à l’intérieur du vieux tunnel a été heureusement suivi.

Conclusion : on peut considérer que cet aménagement, stratégique, des abords du pont du Cinéma ne répond pas aux attentes des usagers vulnérables, piétons et, surtout, cyclistes. Faudra-t-il attendre encore 10 ou 15 ans pour voir résolues toutes les difficultés ? A ce moment-là, l’essence coûtera fort cher et, nous l’espérons, le vélo sera enfin reconnu comme une alternative économique, écologique et sanitaire aux excès du tout-automobile. C’est bien pourquoi nous réïtérons notre demande de mise en place dès à présent de doubles sens cyclables dans toutes les rues à sens unique de la ville, sauf rares exceptions, et que, dans tout aménagement futur de voirie, on supprime autant que possible le recours aux sens uniques.

(*) Tout rond-point ou giratoire est d’ailleurs un aménagement pénalisant pour les piétons, ainsi contraints d’allonger leurs déplacements.