La municipalité, anticipant l’hypothèse que nous serons 30 000 Brétignolais en 2030 (26 700 aujourd’hui), a entrepris de promouvoir l’idée de planter 30 000 arbres en 10 ans. L’idée est intéressante et le chiffre symbolique d’1 arbre par habitant est un levier de communication certain. Mais au-delà du symbole, du « coup médiatique », à moins d’un an des prochaines élections municipales, que faut-il penser du projet environnemental municipal, du moins pour ce que nous en savons ?
Fin avril, l’ADEMUB a communiqué ses questionnements et ses attentes sur ce projet d’envergure à l’équipe municipale. Tout d’abord précisons que nous incluons dans cette perspective la préservation des terres agricoles. En ce domaine, la municipalité a pris en compte une de nos revendications : une protection renforcée des terres agricoles. Administrativement, il s’agit du classement en « ZAP » (zone agricole protégée). Cela nécessite la modification de notre « Plan Local d’Urbanisme » (PLU), ce qui constitue une initiative exemplaire et novatrice dans notre agglomération.
Cependant nous ne savons rien ni de la localisation des terrains concernés, ni de l’ampleur du classement. Brétigny est situé sur le front urbain. Avec 32% de logements sociaux notre ville satisfait déjà à ses obligations légales en la matière. En conséquence, classer en ZAP entre 250 et 300 hectares de nos terres agricoles serait envisageable et responsable. Nous espérons qu’une concertation, incluant notre association, aura lieu sur le sujet.
Pour ce qui concerne le projet de planter 30 000 arbres en 10 ans, nous n’avons pour l’heure aucune visibilité sur ce qui est envisagé. Va-t-on tenir compte des abattages qui pourraient avoir lieu en parallèle sur l’espace public ou privé ?
Pour leur pérennité, ces plantations devront être faites « dans les règles de l’art » et dans le respect des contraintes. Les premières manifestations de cet enthousiasme municipal n’ont pas forcément obéi à ce principe élémentaire. Nous nous préoccupons aussi du type d’aménagement et du choix des essences. La plantation de haies vives ne devra pas être oubliée. Il faut transformer les chemins ruraux en continuités biologiques. Nous regrettons la « dévégétalisation » constatée chez certains particuliers, notamment au profit des murs pleins, véritables barrières à la continuité écologique, ou du remplacement d’espaces verts par des parkings automobiles. Plus globalement nous espérons une politique concertée en faveur de la biodiversité, comparable à ce que nous pratiquons en matière de « circulations douces », ce qui, somme toute, marche plutôt bien.
Un inventaire des arbres remarquables serait en cours. L’intention est louable mais ne faudrait-il pas associer la population à cette initiative et de surcroît, adopter une charte de l’arbre, comme l’ont fait d’autres villes ?
Mais les arbres ne sont que la partie la plus visible de notre environnement naturel. Plus généralement un inventaire de la biodiversité à Brétigny est nécessaire ainsi qu’une carte des continuités biologiques. Les préoccupations liées aux impacts du dérèglement climatique ne trouveront de solutions raisonnables que si nous connaissons l’environnement sur lequel nous agissons et si nous pouvons mesurer les effets obtenus.
Nous avons cru comprendre que la municipalité aurait l’intention de reprendre la propriété du bois de Beaulieu, situé à proximité d’Auchan, sur l’autre rive de la RD19 et envisagerait de l’ouvrir au public. Sur ce point encore, nous attendons un travail de concertation car le bois de Beaulieu est, et doit rester, une réserve de biodiversité. Elle sera potentiellement en connexion avec les continuités biologiques en cours de restauration sur le site de l’ex-base aérienne.
En conclusion, si les orientations de la municipalité, sur la politique en faveur de la biodiversité, vont dans la bonne direction, elles arrivent un peu tardivement dans la mandature. Il serait nécessaire de parvenir à une meilleure lisibilité des projets et de faire de la concertation avec le monde associatif sur ce sujet qui est l’un des fondements de l’action municipale à l’avenir.
ADEMUB iNFOS n°66 Juin 2019