On a beau dire, on a beau faire, en détruisant la biodiversité, l’humanité marche vers son tombeau, inéluctablement. Ici, au niveau local, nous constatons toute la difficulté à préserver ce qui existe, et parfois même bien que cela soit protégé par nos règlements d’urbanisme.
Ainsi nous devons mener une veille permanente sur le secteur des Joncs Marins dont une bonne partie est classée zone naturelle. Régulièrement des particuliers procèdent à des abattages sans autorisation ou dans des proportions sans rapport avec ce qu’ils ont prétendu faire, les exactions s’étendant même parfois au domaine public lui-même.
Souvent l’arbre est perçu comme un élément décoratif accessoire : on coupe les arbres comme on désherbe une allée en pensant « ça repoussera ! ». Cette vision est présente chez les particuliers mais aussi chez les élus ou dans les entreprises. On tronçonne par commodité, pour ne pas entretenir, pour se prémunir d’improbables accidents.
L’an dernier, c’est la SNCF qui a sauvagement « nettoyé » les talus des voies ferrées malgré nos protestations face à cet « entretien » excessif.
Cette année, c’est un bailleur public, Vilogia, qui a décidé d’abattre une vingtaine d’arbres cinquantenaires (voir la photo des tilleuls et non des chênes ou des platanes) dans le quartier de La Fontaine pour implanter des parkings, ce que les riverains contestent vivement. Et, subrepticement, un nombre croissant de propriétaires remplacent leurs clôtures arborées par des murs en parpaings, en métal ou en plastique.
Aujourd’hui en France, il n’y a pas de réflexion systématique en termes d’intégration de la nature dans la politique urbaine.
Un arbre est un organisme à croissance lente, l’abattre n’est pas anodin en terme d’équilibres naturels, de développement de la biodiversité, mais également en termes d’architecture paysagère. Est-ce qu’on détruirait une sculpture humaine ou un monument public au prétexte que cela serait mal placé ? Ou trop vieux ? Non seulement un arbuste n’est pas équivalent à un arbre ancien, mais les contribuables que nous sommes n’ont absolument pas envie que nos impôts servent à couper des arbres pour en replanter d’autres à la même place sans raison valable. Laissez nous nos arbres et utilisez autrement notre argent.
C’est pourquoi nous demandons une chartre de l’arbre en ville et un recensement des arbres remarquables(1). Un arbre c’est à la fois une sculpture vivante et un élément de qualité de vie parce que personne n’aurait envie de vivre dans une ville qui ressemblerait à une zone d’activités. Nous devons penser la ville avec ses espaces arborés, ses refuges de biodiversités et pas seulement en termes de constructions, de commerces, d’axes de circulation. Espaces publics et privés doivent être conçus dans la durée en termes d’esthétique et de qualité de vie.
(1) Sur le sujet de la chartre de l’arbre, on lira avec intérêt l’article de l’association Breuillet Nature : https://breuilletnature.blogspot.fr/2018/05/charte-de-larbre-urbain.html
ADEMUB iNFOS n°63 Juin 2018