Libérer les espaces publics dans le centre-ville
Faut-il plus de places de stationnement dans le centre ? Certes, non. L’espace occupé abusivement à des fins privatives par des voitures en stationnement doit être réduit au profit d’autres usages : espaces verts, espaces de détente et de rencontres, activités ludiques, circulation et stationnement des piétons et des cyclistes…
Dans nos villes, livrées aujourd’hui encore au tout-automobile, les espaces publics (rues, places…) sont occupés à 70% par des voitures en stationnement plus ou moins prolongé. Stationnement qui affecte gravement les autres usages. Ainsi, l’aménagement urbain conduisant à la création de places de stationnement en excès contraint à mettre certaines voies en sens unique et à interdire ainsi la circulation en double sens aux cyclistes, qui doivent emprunter des itinéraires longs et pénibles. Il conduit aussi à supprimer des espaces verts et à interdire aux piétons (surtout les personnes à mobilité réduite) des déplacements sûrs et confortables. De plus, on constate la présence fréquente de voitures en stationnement illégal sur les trottoirs (souvent trop étroits) ou sur les bandes cyclables, infractions bientôt plus sévèrement condamnées par le Code de la route et qui devront être la priorité des forces de police.
L’abandon du stationnement permanent ou prolongé, qui devrait être réservé à des espaces privés, collectifs (cas du stationnement des usagers du RER C) ou individuels, devrait permettre de réduire le nombre de places de stationnement nécessaires par une plus grande rotation des véhicules.
Mais, dans ce cas, le système de la gratuité du stationnement avec disque n’est pas viable dans la mesure où sa gestion est complexe et où une vigilance permanente des services de police s’impose pour une application stricte de la règlementation. On a ainsi pu constater, sur le centre de Brétigny, des taux de fraude allant de 50 à 80%, en dépit des efforts de la police municipale.
La seule solution consiste alors, selon nous, à maintenir, certes, le système de durée limitée de stationnement, mais à titre payant avec un temps maximum et une progressivité importante de la tarification. Ce système est très répandu dans de nombreuses villes. Il conduirait à éviter un trop grand afflux de véhicules automobiles en centre-ville en dissuadant bon nombre de Brétignolais, peu éloignés du centre, d’utiliser inutilement leur véhicule pour s’y rendre alors qu’ils peuvent aisément emprunter d’autres modes de déplacement, le plus souvent la marche à pied et, pour les déplacements un peu plus longs, le vélo, à assistance électrique ou non.
Une place plus grande serait ainsi donnée aux autres usagers, notamment aux modes actifs (cyclistes, piétons…), mais aussi aux transports collectifs, qui doivent pouvoir circuler plus aisément. Cela permettrait aussi, dans certaines voies du centre, de rétablir une circulation à double sens ou, pour le moins, de faciliter la circulation des cycles à double sens (doubles-sens cyclables) par un élargissement de la partie roulante de la chaussée.
Mais, pour assurer le plein succès d’une telle politique et renforcer le caractère convivial de celle-ci, la mise en place planifiée et progressive de zones de circulation apaisée (aires piétonnes, zones de rencontres, zones 30…) s’avère nécessaire. Ainsi, pour prendre l’exemple de la place du 11 Novembre et de ses abords, sur lesquels nous avons beaucoup travaillé, nous pensons qu’elle doit être débarrassée de tout stationnement (sauf vélos et handicapés) au profit d’un aménagement attractif pour les habitants et adapté aux impératifs du réchauffement climatique, avec une mise en aire piétonne de la place elle-même et une mise en zone de rencontre d’un bon nombre de rues adjacentes. Contrairement aux craintes souvent exprimées mais ensuite apaisées, un tel aménagement ne peut que favoriser l’épanouissement du commerce de centre-ville. Les dérogations habituelles à ces nouvelles règles devront bien entendu être accordées, mais avec discernement.. Ceci doit être un des chantiers importants de la nouvelle mandature qui commence. Nous souhaitons y être associés.