Nous avons déjà eu l’occasion d’exprimer nos réflexions à propos de la révision du PLU (Plan local d’urbanisme) qui est en cours à Brétigny. Et, en dépit de ce qu’on a pu lire de certaines réactions, nous maintenons nos positions : compte tenu de l’importance de l’enjeu, la concertation a été insuffisante, le nouveau PLU ne prend pas assez la mesure des questions environnementales. Les constructions qui poussent actuellement sur les coteaux de l’Orge se poursuivront si le PLU n’est pas plus contraignant.
Cet été, la concertation des Personnes Publiques Associées, qui précède l’enquête, nous a donné l’occasion de préciser nos remarques. Ce courrier est accessible ci-dessous. Nous profitons de ce numéro d’ADEMUB iNFOS pour évoquer un point important : l’avenir du domaine régional des Joncs Marins. Centré sur la vallée de l’Orge, il s’étend sur ses coteaux et le plateau des Joncs Marins dont l’activité principale est l’agriculture intensive. Le milieu biologique subit la promiscuité humaine, à laquelle s’ajoutent des voies de circulation automobile, longeant l’Orge ou la traversant. Le plateau comporte des mares, des lieux où l’eau affleure assez rapidement après de fortes précipitations, en raison d’une couche glaiseuse à faible profondeur. Notre inventaire a permis d’en recenser 31 ! L’avenir écologique du parc passe par un accroissement des continuités écologiques et par le développement de complémentarités et d’échanges entre les écosystèmes de la vallée et ceux des coteaux et des plateaux.
A cheval sur l’Orge et sur plusieurs communes, le périmètre actuel du parc couvre 176 hectares d’un environnement boisé et d’habitat diffus. Soixante-neuf hectares, dont plus de 51 sur notre commune, ont été acquis par l’Agence régionale des Espaces Verts (AEV). Depuis 1976, cet organisme joue un rôle essentiel dans la protection des zones naturelles situées dans la « ceinture verte » de l’Ile-de-France : plus de 13 000 ha ont ainsi été achetés. C’est à la fois beaucoup et témoigne de l’ambition de la Région sur la question, mais peu au regard des besoins.
Ainsi, si nous revenons à notre préoccupation, le parc des Joncs Marins, les acquisitions se font dans les limites des contraintes de répartition des crédits. Il ne faut bien sûr pas nier les difficultés : jusqu’à récemment l’AEV ne disposait pas de tous les leviers et la concertation entre les collectivités publiques était délicate. Par ailleurs, ce secteur est confronté à un problème de constructions illégales depuis plusieurs décennies, qui participent au « mitage » du territoire.
Cependant le mitage ne doit pas « être l’arbre qui cache la forêt » de l’absence de volonté politique. Sur les 176 ha du parc, il y a un peu plus de 150 habitations, la plupart sont probablement légales. Cependant, cela ne représente pas une densité critique. La vigilance est nécessaire, mais la protection de cette vaste zone naturelle n’est pas suspendue à la question du mitage anarchique, comme on le prétend trop souvent. L’urbanisation maintient une pression constante, et profite des lacunes des PLU antérieurs, qui sont hélas reconduites dans le projet en cours. C’est en durcissant les règles d’urbanisme et en augmentant les zones protégées qu’on limitera le mitage. Mais il faut également que toutes les dispositions soient mises en œuvre pour faire respecter celles existantes. La continuité de l’action publique est nécessaire.
Nous devons également aborder l’autre question critique déterminante pour l’avenir du parc : la protection de l’environnement. Comme la plupart des zones naturelles gérées par l’AEV sur le secteur partant de Saint-Germain-lès-Arpajon jusqu’à Saulx-les-Chartreux, le périmètre d’intervention a été finement ciselé dans les interstices d’un habitat diffus existant, obéissant plutôt à une logique politique (ne pas hérisser des électeurs) qu’à une logique de cohérence environnementale. On peut comprendre qu’autrefois on fît de la sorte, mais aujourd’hui, depuis le Grenelle de l’environnement et l’explosion de l’urbanisation dans la vallée de l’Orge, préserver des zones naturelles de respiration pénétrant jusqu’au cœur de ville est essentiel, créer des « trames vertes » et sauvegarder des zones agricoles périurbaines sont des enjeux primordiaux.
C’est pourquoi nous militons ardemment pour une politique volontariste de valorisation environnementale de l’ouest de Brétigny et pour un « encerclement vert » des îlots d’urbanisation existants.
Plusieurs dispositions sont possibles :
– La première serait d’augmenter le périmètre d’intervention du parc des Joncs Marins afin d’accroître la cohérence du territoire à préserver et favoriser le développement de la biodiversité. Plusieurs parcelles mixtes boisées et bâties devraient logiquement être incluses. On pourrait aussi intégrer tout ou partie des terres agricoles adjacentes, en donnant à l’AEV la faculté d’acquérir plusieurs parcelles en friche devenues boisées. Il ne s’agit pas, bien évidemment, de changer la destination agricole des activités. Bien au contraire, l’intégration au PRIF (périmètres régionaux d’intervention foncière) facilitera la pérennisation de l’agriculture périurbaine, en conformité avec les missions de l’AEV.
– La seconde possibilité serait de créer une zone agricole protégée (ZAP), ce qui accroît considérablement la pérennité de l’usage des sols. La commune a la qualité pour enclencher une telle procédure sur des terrains enclavés entre le parc des Joncs Marins et l’éco-quartier Clause-Bois Badeau. D’autres communes, telles Vert-le-Grand ou Le Plessis-Pâté ont agi de la sorte.
– La troisième solution serait d’accroître la surface des zones naturelles (Na) dans le PLU. Malheureusement on est en train de manquer une occasion par manque de clairvoyance politique, et d’accroitre les contraintes d’urbanisme sur les quartiers concernés.
Le parc des Joncs Marins peut avoir un bel avenir, encore faut-il sortir du fatalisme et cesser de plaider l’impuissance.
ADEMUB iNFOS n°49 Octobre 2013