Les responsables vont devoir choisir entre le béton et le bio
Rappel des faits. Dans le cadre de la restructuration des sites de la Défense, les militaires quitteront le site de la base aérienne de Brétigny-Plessis-Pâté en 2012. Sur les 750 hectares de la base, 490 étaient loués à l’Institut National de la Recherche Agricole (INRA) et de ce fait, constituaient un important espace agricole.
Du fait de la rétrocession de terrains aux communes dès 2012, il est prévu que Brétigny et Le Plessis-Pâté récupèrent à elle deux 300 ha sur les 750, le reste étant, pour partie, vendu à l’INRA (250 ha), affecté à des activités de recherche ou conservé par l’Etat.
Ce sont bien sûr les 300 hectares rétrocédés aux communes qui font débat quant à leur utilisation future dont, plus précisément, les 140 ha qui étaient déjà cultivés et pourraient constituer à l’avenir, nous le souhaitons, un nouvel espace agricole cohérent.
C’est dans cet esprit que la Chambre d’agriculture et la Safer(1), soutenues par le Pôle ABIOSOL(2), ont demandé à profiter de cette opportunité pour établir sur le site UN PROJET DE LOTISSEMENT MARAÎCHER BIOLOGIQUE SUR UNE SURFACE D’UNE CENTAINE D’HECTARES. Un tel projet, vivement souhaité par la profession agricole et certaines collectivités territoriales – mais hélas, pas forcément les plus concernées ! – contribuerait à pérenniser l’agriculture sur la base aérienne de Brétigny-Plessis-Pâté.
La Profession Agricole propose de créer un lotissement maraîcher biologique sur 100 ha (bâtiments et voies d’accès compris). Ce pôle…
◇ accueillerait 16 exploitations agricoles biologiques de proximité (maraîchage, arboriculture…) qui profiteraient des installations existantes (bâtiments, réseau, électricité, clôtures, voies d’accès…),
◇ constituerait un point d’approvisionnement en produits biologiques pour la population locale,
◇pourrait également assurer pour partie l’approvisionnement en produits biologiques des lieux de restauration collective,
◇ participerait au maintien d’espaces ouverts et assurerait la pérennisation de l’agriculture dans un secteur fortement soumis à la pression urbaine,
◇ serait créateur d’emplois directs et indirects : 45 emplois à temps plein, 50 à 70 emplois saisonniers ou d’emplois à temps partiels,
pourrait, le moment venu, accueillir d’autres aménagements utiles au développement de filières agricoles de proximité (légumerie, cuisine centrale, machinisme agricole…). Sur 100 ha, le projet envisage la création de 16 exploitations reprenant six différents types de production. Il est à noter que les parcelles de la base aérienne sont actuellement pour la plupart exploitées en agriculture conventionnelle. L’obtention de la certification Agriculture Biologique passera par une période de transition de trois ans pendant laquelle les productions devront être menées selon le cahier des charges de l’agriculture biologique sans pouvoir être vendues comme telles. Les 6 types de production proposés par le projet sont :
◇ maraîchage biologique en circuit court type vente sur point de distribution de proximité,
◇ maraîchage biologique en circuit court type « distribution de paniers »,
◇ maraîchage biologique de plein champ pour une production de légumes biologiques à destination notamment de la restauration collective,
◇ ferme de formation en maraîchage biologique (formation des maraîchers,)
◇ ferme cueillette biologique,
◇élevage de volailles biologiques (poules pondeuses et poulets de chair). Ainsi, l’ensemble des projets présentés permettrait d’installer 16 exploitations soit au total 45 emplois à temps plein et entre 50 à 70 emplois saisonniers.
Localisation du pôle maraicher
La configuration du site permet d’envisager au moins deux localisations possibles avec pour chacune d’elles des variantes pour l’allotissement des entreprises.
La distribution des produits issus du pôle maraîcher
L’objectif est que les produits du pôle touchent le maximum de consommateurs. Ces derniers pourront acheter leurs produits :
◇ sur la cueillette créée au sein du lotissement,
◇ via un système de distribution de paniers,
◇par le biais d’une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) que les exploitants pourront créer Les productions pourront également être vendues à des consommateurs plus éloignés par le biais :
◇ de grossistes,
◇ de sociétés de restauration collective,
◇des producteurs franciliens du Marché d’Intérêt National de Rungis qui peut accueillir les producteurs biologiques franciliens,
◇ de magasins de produits du terroir,
◇ de points de commercialisation de produits agricoles locaux de proximité,
◇ de la nouvelle plateforme Biocoop à Sainte-Geneviève-des-Bois, qui dessert les 42 magasins du quart Nord-est de la France approvisionnés auparavant par la plateforme de Rennes.
Vous l’aurez sûrement compris, l’ADEMUB soutient pleinement ce beau projet de la Chambre d’agriculture, porté par toute la profession agricole réunie, qui va dans le sens de la préservation du plateau agricole de Vert-le-Grand. L’avenir du plateau est en grande partie déterminé par les décisions qui seront prises quant au devenir du site de la Base, lequel constituait jusqu’à ce jour le principal obstacle à l’avancée de l’urbanisation sur ce plateau agricole de qualité. Lever cet obstacle fragiliserait son avenir.
Hélas, lors du dernier comité de site (instance chargée d’étudier les reconversions de l’ancienne base aérienne, présidée par le préfet), ce projet de lotissement d’une centaine d’hectares destiné à accueillir des producteurs maraîchers bio, pour lequel les organisations professionnelles agricoles se sont mobilisées depuis des mois, passe à la trappe !
M. Christophe HILLAIRET, président de la Chambre d’Agriculture d’Ile-de-France, présent lors de la réunion, n’a pas manqué de réagir devant ce revirement et a notamment déclaré : « À l’occasion de la reconversion de ce site qui est propriété de l’État, ce dernier va-t-il renier les engagements qu’il a pris dans le cadre du GRENELLE de l’ENVIRONNEMENT et de la récente loi de modernisation agricole, sans oublier la promesse du Président de la République de réduire de moitié d’ici 2020 la consommation de terres agricoles ? Il est temps de traduire en actes le discours public en faveur du développement d’une agriculture de proximité… Et surtout, il répond parfaitement aux attentes du PLAN BIO de l’État et de la Région et de tous ceux qui considèrent qu’une agriculture dynamique et diversifiée participe aussi à l’équilibre du territoire périurbain. Comment les élus régionaux et généraux ne le soutiendraient-ils pas puisqu’il correspond parfaitement à leurs attentes maintes fois exprimées dans ce domaine ? Quant à la proposition des élus de la communauté d’agglomération du Val d’Orge de relocaliser le pôle maraîcher sur un autre site situé au nord ouest de la Base (l’Orme Fourmi à Brétigny), elle est totalement inacceptable, car ce dernier est déjà exploité par des agriculteurs et n’est pas à vendre ! »
Pour les associations, à commencer par l’ADEMUB, la reconversion de la base aérienne de Brétigny-Plessis-Pâté constitue une chance à ne pas laisser passer pour mettre en valeur l’agriculture de proximité.
Nos fédérations régionale et nationale, Ile-de-France Environnement (IDFE) et France Nature Environnement (FNE) soutiennent le projet d’installation, sur les emprises de la base, d’exploitations d’agriculture biologique et d’activités dérivées, et demande qu’il soit amplifié, compte tenu du retard constaté pour réaliser l’objectif régional de 6% de surface agricole utile consacré à l’agriculture biologique d’ici 2012. Elles défendent également le projet de physiopôle porté par l’INRA qui permettra de conserver 250 ha de terres arables.
(1) Safer : « Société d’aménagement foncier et d’établissement rural » qui permet à tout porteur de projet viable et d’intérêt général – surtout agricole – de s’installer en milieu rural.
(2) le Pôle ABIOSOL est constitué du Groupement des agriculteurs biologiques (GAB), du réseau des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) d’Ile-de-France et de Terre de liens.
ADEMUB iNFOS n°43 Octobre 2011