En matière d’urbanisme, 2012 est l’année du chambardement ! Le SDRIF (schéma directeur régional de l’Ile-de-France), à peine arrêté en 2008, doit être révisé. Et, dans la foulée, tous les documents d’urbanisme locaux. De surcroît pour Brétigny, la libération des terrains de la base aérienne conjuguée à de multiples modifications antérieures nécessitent la révision du Plan Local d’Urbanisme.
Tous ces changements devraient intervenir à marche forcée à l’horizon 2013. Ainsi pour Brétigny, le travail sur le zonage et les règlements de zones, élément décisif de la politique urbaine, devrait être fixé « à la sauvette » durant l’été ! Nous demandons que cette phase, primordiale, soit prolongée jusqu’à fin novembre. Cela est pour nous une exigence en matière de concertation. La municipalité semble évoluer sur ce planning et nous espérons avoir été entendus. Nous avons déjà évoqué dans notre éditorial un principe essentiel qui doit piloter cette révision : la préservation, également en zone urbaine, de la biodiversité et des continuités biologiques (trames vertes et trames bleues), surtout les zones naturelles, paysagères et agricoles. Ce qui semble en parfaite harmonie avec le discours du maire : « La protection des grands espaces naturels, forestiers et agricoles est une des priorités de la commune (…) Il en est un des atouts et fait partie intégrante de l’identité de la commune (…) » (voir article « pour une ville durable », sur le site de la mairie). Le PLU peut y contribuer, notamment par un zonage précis, des règles contraignantes et le marquage sur le plan d’éléments patrimoniaux. Nous demandons, entre autres :
- le reclassement de l’Orme fourmi en zone agricole,
- un inventaire des arbres remarquables, en s’inscrivant dans la continuité de la démarche entreprise en ce domaine par le SIVOA, ainsi que le recensement et la protection (et la création) des mares et autres bassins,
- une extension des espaces boisés classés, notamment sur la périphérie des Joncs marins, dans la zone située entre le chemin des Cendrennes et le chemin du Bois-Badeau, ainsi qu’autour du bassin des Militaires (quartier Rozanoff), et dans la zone située entre les Castors et la voie nouvelle près du Bois Pelletier…
- la suppression des emplacements réservés dans les Joncs marins (voie C6) et dans les Castors (prolongement de la rue Jules Marquis)…
Pour parvenir à une urbanisation maîtrisée, il convient, pour limiter les excès passés, constatés notamment rue Danielle Casanova, rue Léon Blum et sur la bordure nord de la vallée du Blutin (risque d’urbanisation continue), de fixer des règles plus contraignantes. Nous demandons, par ailleurs, l’adoption d’un plan d’alignement systématique sur les zones urbanisées, de manière à réserver des espaces suffisants pour anticiper la construction de trottoirs de 1,80m, facilitant la circulation des piétons, surtout les handicapés.
Le cas de la future ex-base aérienne
Le contrat de redynamisation, signé entre l’Etat et les collectivités, aura un impact non négligeable sur le territoire de Brétigny et sur le PLU, le site concernant 4 communes. Les documents cartographiques permettent mal de juger avec précision la répartition des 750 ha entre les différentes affectations.
L’Armée conserve 150 ha (l’IRBA y développe ses recherches biomédicales pour le ministère de la Défense) et une « zone de vie », des logements de fonction, ainsi qu’une zone de secours (plan Neptune). 250 ha seront acquis par l’INRA pour son « physiopôle » (recherche sur la reproduction des mammifères) ; 75 à 80 ha, à cheval sur Brétigny et Le Plessis-Pâté, reviennent au pôle d’agriculture biologique que nous avons ardemment soutenu ; 10 ha iront à Vert-le-Grand pour une zone d’activités. Restent 80 ha sur le territoire de Brétigny destinés à des activités de recherche et développement en matière de « chimie verte »*, et 160 ha sur Le Plessis-Pâté destinés à créer un pôle économique de grande taille d’importance régionale.
La mise en application de ce contrat aurait tout simplement pour effet d’urbaniser 250 ha supplémentaires de terres agricoles sur le Val d’Orge dont 80 ha pour Brétigny, en contradiction d’ailleurs avec les propos tenus sur le site de la mairie. Nous reviendrons ultérieurement sur les 160 ha du Plessis-Pâté destinés à un projet flou et hasardeux, qui n’a rien de rassurant en matière d’usage de l’argent public, aujourd’hui devenu rare. Pour le projet de « chimie verte »*, nous ne savons rien de plus pour l’instant et voyons mal comment se fera la liaison avec l’IRBA et l’INRA. Et quel en sera l’impact sur l’environnement ? Enfin, dernière question : où serait implantée la nouvelle voie en site propre destinée à relier RER D et RER C ? En zone agricole ?
* Chimie verte : « mise en œuvre de principes pour réduire et éliminer l’usage de substances néfastes pour l’environnement, par de nouveaux procédés chimiques et des voies de synthèse ».
Article ADEMUB iNFOS n°45 Juin 2012