Nous vivons encore largement sous le régime de l’économie linéaire avec le schéma : j’extrais, je produis, je consomme, je jette. Nos prélèvements sur les ressources naturelles dépassent largement la capacité de la terre à renouveler les ressources renouvelables, à fournir des ressources non renouvelables et à éliminer les déchets. Il nous faut donc trouver un autre mode de fonctionnement. Ce qu’on appelle « l’économie circulaire », en application des principes du développement durable, pourrait bien répondre à nos attentes.

Une économie qui se concrétise

La Loi de transition énergétique, adoptée par l’Assemblée nationale en juillet 2015, la définit ainsi : « un modèle fondé sur le développement d’un système de production et d’échanges prenant en compte, dès leur conception, la durabilité et le recyclage des produits ou de leurs composants de sorte qu’ils puissent être réutilisés ou redevenir des matières premières nouvelles, afin de réduire la consommation des ressources et l’efficacité de leur utilisation » (art. 19).

Dans le domaine de la production et de l’offre de biens et services, l’économie circulaire repose sur plusieurs composantes : l’approvisionnement durable, l’éco-conception, la mutualisation des besoins et l’économie de la fonctionnalité.

Voici une organisation qui s’est mise en place et qui illustre la possibilité d’approvisionnement durable et l’organisation d’une mutualisation inter-entreprises. Le papetier français UPM utilise, depuis 2009, le transport fluvial pour acheminer des papiers à recycler en provenance du Syctom (agence métropolitaine des déchets ménagers) dans son usine près de Rouen. Au retour, ce sont les bobines de papier neuves qui sont transportées vers les imprimeurs franciliens. Cependant, le transport n’est pas optimisé dans le sens Rouen-Paris car il y a moins de conteneurs. Eco-systèmes (organisme agréé pour la collecte et le recyclage des appareils électriques et électroniques usagés) a constaté ce déséquilibre alors qu’il avait, de son côté, des déchets d’équipements électriques et électroniques dits « DEEE » à transporter dans ses usines de Gonesse (Val d’Oise) et Bruyère (Oise). Pour assurer une logistique optimale et durable, Eco-systèmes a chargé Veolia d’assurer la collecte des « DEEE » en Haute-Normandie. La Société UPM et Eco-systèmes ont travaillé avec Fluvéo, commissionnaire chargé de réaliser le transport fluvial. Les 4 600 tonnes de DEEE d’Eco-systèmes collectées en Normandie et les bobines neuves d’UPM sont acheminées de Rouen à Gennevilliers par conteneurs sur péniches et dans l’autre sens, les conteneurs transportent les déchets de papier collectés en région parisienne ainsi que des déchets de mobilier professionnel pour l’éco-organisme Valdelia pour être valorisés dans ses usines rouennaises. Cette mutualisation permet d’éviter pour la société UPM 4 000 camions par an et pour Eco-systèmes 800 voyages en camion. Et la société UPM fabriquant des bobines neuves de papier à partir de déchets de papier préserve les ressources forestières.

Des produits durables et réparables

Dans le domaine de la demande et du comportement des consommateurs, 2 composantes définissent l’économie circulaire : la consommation responsable et l’allongement de la durée d’usage.

Certains fabricants font le choix de concevoir des produits réparables et s’engagent à fournir pendant plusieurs années les pièces de rechange nécessaires à la réparation.

C’est la politique qu’a choisie la marque SEB pour les produits électroménagers qu’elle conçoit et fabrique. Elle précise sur son site Internet « Seb s’engage à conserver pendant 10 ans en moyenne après l’achat, toutes les pièces détachées techniques des produits commercialisés depuis 2012. »

L’allongement de la durée d’usage peut aussi se faire par le réemploi ou la réutilisation. De nombreuses organisations permettent le réemploi : vous connaissez certainement l’association Emmaüs. Mais il existe aussi des associations locales qui font un travail similaire : par exemple « la Fabrique à neuf ». Meubles, vêtements, jouets, livres, disques, électroménager … Il est possible de donner une nouvelle vie aux objets que vous n’utilisez plus en les donnant à cette association. Trois sites de cette ressourcerie sont ouverts en Essonne : Ris-Orangis, Corbeil-Essonnes et Montgeron. A Arpajon, l’association « De la cave au grenier » réalise ce même type d’activité.

Le dernier domaine d’action de l’économie circulaire est la gestion des déchets.

Le recyclage est « l’ensemble des techniques de transformation des déchets après récupération, visant à en réintroduire tout ou partie dans le cycle de production ». (définition publiée au J.O.)

C’est ainsi qu’aujourd’hui des journaux ou des revues sont imprimés sur du papier recyclé. En 2010, 14,9 millions de matières premières de recyclage ont été utilisées dans la production française.

Nous consacrerons ultérieurement un article au « gaspillage alimentaire », car celui-ci prend, en France, des proportions gigantesques. Du champ à l’assiette, nous jetons 10 millions de tonnes de nourriture chaque année, soit 150 kg par habitant. A la maison, chaque français jette à la poubelle 29 kg par an. Dans ce domaine, également, des actions sont menées : par exemple tapez « Disco Soupe » sur votre moteur de recherche Internet.

(chiffres et graphique ADEME et FNE)

ADEMUB iNFOS n° 58 Septembre 2016